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Pandore et l’ouvre-boîte

Une fois de plus, l’Académie Française inspire les auteurs de romans policiers. Georges Verdet est retrouvé sans vie dans son bureau, en grande tenue, son épée d’académicien plantée au travers de la poitrine. Marcel Péridot, son confrère, est à son tour assassiné. Début d’enquête...


Envoyée par Zeus auprès des hommes, Pandore avait reçu de celui-ci une boîte qu’elle ne devait ouvrir sous aucun prétexte. Curieuse, n’y tenant plus, elle désobéit : tous les maux qui affligent les hommes s’en échappèrent avant qu’elle n’ait eu le temps de la refermer. Une fois le couvercle rabattu, seule au fond de la boîte, restait l’espérance.

Pandore et l’ouvre-boîte est une variation autour du mythe. Postel et Duchâtel font de la curiosité l’élément clé de leur roman. Curiosité, moteur de l’intrigue, comme elle l’est dans nombre de romans policiers. Si Verdet puis Péridot sont assassinés, c’est que, tels Pandore, ils n’ont su garder pour eux leur dangereux trésor. Auprès de chacun des corps, une citation grecque est là pour le rappeler. "Ne trahis pas les conversations secrètes", commande l’une ; "ne cause pas tant", dit l’autre.

"Pandore et l’ouvre boîte est composé de deux romans : De Smalt ou l’histoire vraie et Vitellus ou la vraie histoire. Le lecteur peut commence indifféremment par l’un ou par l’autre : à lui de choisir", préviennent les auteurs. La curiosité est alors celle du lecteur, éveillée par une formule originale. A partir des mêmes faits, deux enquêtes : chaque auteur a laissé libre cours à son imagination pour proposer une solution -parmi d’autres ?

Enfin, le roman lui même peut être qualifié de curiosité. C’est un polar hors norme et déroutant, où le lecteur croise tour à tour des académiciens excentriques, un commissaire surréaliste, qui résout ses enquêtes au rythme des séances d’écriture automatique, ou un écrivain en mal d’inspiration, qui embauche un jeune provincial un peu naïf pour en faire son personnage... Du roman policier, Postel et Duchâtel ont retenu qu’il devait être un roman avant tout.

Mais malgré les promesses, Pandore et l’ouvre-boîte se révèle bien décevant. La recherche de l’originalité ou du calembour y envahit tout : expérimentation, exercice de style, jeu littéraire un peu laborieux... Somme toute, un roman policier trop policé.

par Emma D. Mauly
Article mis en ligne le 4 mai 2005