Artelio

accueil > Arts plastiques > article




 

Desiderio da Settignano, sculpteur de la Renaissance florentine

Exposition au Musée du Louvre du 27 octobre 2006 au 22 janvier 2007

Il est presque inconnu et pourtant chacune de ses sculptures est un chef-d’œuvre. Redécouvert au XIXe siècle, le sculpteur florentin Desiderio da Settignano, mort à seulement trente-quatre ans, nous transporte dans un univers de douceur et de raffinement à travers les trois salles de l’aile Richelieu qui lui sont consacrées : les trois grandes institutions muséales qui possèdent la majorité de ses œuvres, à savoir le Musée du Louvre, le Musée National du Bargello de Florence et la National Gallery de Washington, se sont associées pour présenter la première exposition monographique de ce génie de la Renaissance italienne.


Desiderio da Settignano naît vers 1430 à Settignano, petit village toscan proche de Florence, dans une famille de tailleurs de pierre, à une période où l’art florentin expérimente ses premières innovations. Il fallait un talent hors du commun pour collaborer avec Donatello (v.1386-1466), alors le plus célèbre sculpteur de Florence, et en même temps développer une expression personnelle en sculpture. Desiderio da Settignano s’est montré à la hauteur de ce défi. Bien plus, son œuvre est parfaitement représentative de la sculpture florentine du milieu du XVe siècle qui voit se développer le dolce stile (style doux). Il s’agit de traiter le marbre avec une technique susceptible de rendre les figures tendres et lumineuses. Les mains du sculpteur ont su modeler avec finesse plusieurs types d’œuvres, de la commande publique monumentale à l’objet de dévotion privée, et ce, en seulement quelques années du fait de sa mort précoce en 1464. L’exposition du Louvre vise ainsi à mettre à l’honneur la carrière du jeune Desiderio qui contribua à la révolution artistique du Quattrocento, plus particulièrement dans les années 1450-1460, décennie marquée par l’absence de l’artiste préféré de Cosme de Médicis, à savoir Donatello. Sur la base du renouveau initié par le précieux protégé et ami du maître de Florence, la sculpture peut alors vivre sa saison florissante. Il faut dire que l’époque est propice à l’exaltation artistique depuis le concours lancé en 1401 pour les portes de bronze du Baptistère de Florence ; ce concours est considéré par l’historiographie comme l’acte fondateur de l’émergence d’une sculpture renaissante, qui se détache du style gothique. Les deux finalistes furent les deux célèbres sculpteurs Lorenzo Ghiberti (1378-1455) et Filippo Brunelleschi (1377-1446), le premier sortant finalement vainqueur avec un magnifique bas-relief représentant le Sacrifice d’Abraham. La Florence du début du XVe siècle avait en effet besoin d’un renouveau des grandes commandes artistiques publiques, pour renouer avec la tradition inaugurée par les deux grands sculpteurs des XIIIe et XIVe siècles, Arnolfo di Cambio (1245-1310), auteur notamment du projet de façade du Duomo et des travaux de l’église Santa Croce, et Andrea Pisano (1290-1349), auteur de la porte sud du Baptistère.

Desiderio a donc su se faire une place entre Donatello, sculpteur attitré de Cosme de Médicis (1389-1464) depuis l’accession au pouvoir de ce dernier en 1434, et Ghiberti, qui continuera d’exceller dans son art lors de la commande d’une deuxième porte de bronze pour le Baptistère, porte tellement remarquable que Michel-Ange lui donnera le nom de Porte du Paradis. Du Paradis, l’art de Desiderio semble s’en approcher également ! En tout cas, à en croire les écrits du célèbre peintre et écrivain florentin du XVIe siècle Giorgio Vasari. Celui-ci nous transmet ses impressions sur les plus grands artistes des XVe et XVIe siècles dans ses Vite, publiées en 1550 à Florence. Il explique la sensation qu’il a déjà de vivre une rinascita. Vasari ressent très bien, même sans le recul historique que nous avons aujourd’hui, la révolution artistique qui s’est produite de son temps à Florence. Sous sa plume, on peut d’ailleurs lire avec quelles "très grande grâce et élégance" ce sculpteur maîtrisait son art, comme s’il lui était "venu du ciel", de telle sorte qu’il paraissait faire les choses "sans effort".

Desiderio da Settignano, un sculpteur à redécouvrir

L’exposition fait justement très bien ressentir ce charme particulier de Desiderio, sculpteur de la douceur et de la tendresse. Point de Donatello, point de Ghiberti ou autres Della Robbia ! L’œuvre de Desiderio est comme à nu lorsqu’on entre dans les salles de l’exposition dont la blancheur des murs fait écho à celle des marbres exposés. Les lignes épurées de l’art de Desiderio se détachent alors seules, sans que le spectateur n’ait de point de comparaison avec les œuvres de ses contemporains. Après avoir gravi les marches qui montent vers les salles d’exposition, le visiteur est tout de suite confronté aux trois adorables bustes d’enfants de Desiderio. Et s’il lève un peu plus le regard, il verra en ligne de mire au fond le Jeune saint Jean-Baptiste, grandeur nature, dont l’aspect hiératique contraste avec sa posture typiquement renaissante en contrapposto. De l’innocence enfantine, le visiteur est ainsi invité à aboutir, à travers un parcours florentin riche de chefs-d’œuvre, au violent réalisme du corps du saint Jean-Baptiste. La scénographie de l’exposition propose une sorte de parcours intellectuel de l’œuvre de Desiderio, et souligne l’humanité que l’artiste a pu donner à chacune de ses sculptures, emplies en même temps de réserve et de sentiments. L’ambiance très lumineuse, produite par la blancheur des murs, donne la sensation d’entrer dans un petit temple de l’art florentin, sensation accentuée par les socles dont la couleur grise rappelle la couleur de la pierre de Florence, dite pietra serena. L’image du "temple" peut paraître un lieu commun un peu désuet, voire une exagération, mais convient à l’intimité que les marbres de Desiderio véhiculent vers chacun de nous. Il s’agit véritablement de redécouvrir et de "sentir" le travail de Desiderio, longtemps oublié, dans une muséographie volontairement minimaliste.

Redécouvertes seulement au cours du XIXe siècle avec le phénomène du collectionnisme, les œuvres de Desiderio étaient tombées dans l’oubli et leur attribution certaine à celui-ci ne s’est faite qu’au début du XXe siècle. L’exposition présente vingt-cinq œuvres (sur une quarantaine en tout attribuées aujourd’hui à Desiderio) de manière thématique, qui nous font découvrir les différents styles sculpturaux de Florence au XVe siècle. En même temps que Desiderio, les frères Rosselino, Luca della Robbia et Mino da Fiesole participaient aussi à embellir la capitale de la Toscane sur les mêmes types d’œuvres en vogue.

Les bustes

(JPEG) La première salle présente trois bustes d’enfants, exécutés entre 1455 et 1464, dont l’un nous regarde avec un rire franc (Kunsthistorisches Museum, Vienne) alors que les deux autres ont l’air plus grave. Adorables et à l’expression très spontanée, ces bustes font réellement vivre le jeune enfant, notamment par le mouvement léger de la tête ainsi que le modelé des lèvres, des fossettes et des pommettes saillantes, et surtout le mouvement circulaire des boucles des cheveux, jamais rigide, traitement qui est une des caractéristiques du style de Desiderio. La sculpture de Desiderio semble, au premier abord, très lisse et épurée mais, à y regarder de plus près, exprime une extrême sensibilité dans les légers reliefs du visage. Le travail du modelé du marbre apporte à chaque œuvre une originalité et un naturalisme qui bannit toute idée de série et rend parfaitement la douceur enfantine. La mode des bustes d’enfant apparaît à cette époque à Florence. Ceux de Desiderio sont les premiers du genre. Très réalistes et individualisés, ils feraient plus penser à des commandes privées, passées par de riches familles florentines. Déjà en 1510, le cardinal et théologien florentin Giovanni Dominici préconisait de placer des images du Christ enfant et du jeune saint Jean-Baptiste dans les chambres d’enfants, comme exemple religieux et moral. Cependant si le buste de la galerie de Washington peut faire penser à l’hypothèse d’un Christ enfant du fait des traces de l’emplacement d’une ancienne auréole en métal, et de son expression sérieuse, on ne peut pas en dire autant pour l’enfant rieur du musée de Vienne. On ne connaît donc pas bien la fonction, religieuse ou profane, de ces bustes. Il ne pourrait s’agir en effet que de simples commandes de portraits d’enfants de l’aristocratie, sans autre fonction particulière que d’honorer les familles, ou peut-être même ces bustes sont-ils des portraits d’enfants de l’entourage de Desiderio ?

L’exposition des bustes se poursuit dans la deuxième salle où l’on peut en admirer trois, dont un en bois polychromé représentant une Jeune femme (musée du Louvre), et deux marbres représentant l’un une Jeune inconnue et l’autre un Jeune homme, tous deux exécutés dans les années 1450-1455 (musée du Bargello). Le buste en bois, dite aussi La Belle Florentine, de l’entourage de Desiderio, a fait l’objet d’une restauration à l’occasion de l’exposition, ce qui a permis de retrouver une inscription permettant d’identifier l’œuvre comme étant une figure de sainte Constance. Ce buste, creux à l’intérieur, aurait d’ailleurs pu servir de reliquaire.

(JPEG)Les deux bustes de marbre nous montrent encore une fois la grande habileté de Desiderio dans le modelé du matériau : les reliefs sont très légers et donnent une impression de souplesse, tandis que le polissage poussé procure luminosité et douceur aux œuvres. On remarque aussi que ces trois bustes, grandeur nature, sont empreints de sérénité et d’une grande élégance : le sculpteur aime à créer des visages ovales très calmes, presque rigides, mais auxquels l’art d’un modelage raffiné, quasi imperceptible, donne une dimension charnelle. Les femmes ont toutes le même enroulement de la chevelure en chignon, coiffure typique de l’aristocratie de l’époque, comme on peut d’ailleurs le voir sur un autre buste de Desiderio représentant, selon certains, Marietta Strozzi, riche dame florentine (qui n’est pas présenté à l’exposition), ou bien dans des peintures du Quattrocento comme le Portrait de femme par Pisanello daté des années 1440 (Musée du Louvre) ou celui d’Antonio Pollaiolo des années 1460 (Milan, Musée Poldi-Pezzoli) ou encore, un peu plus tard, le Portrait de Simonetta Vespucci par Piero di Cosimo, daté de 1480 (Chantilly, Musée Condé). C‘est à partir de 1450 que la représentation de l’individualité, en particulier la représentation de personnages contemporains illustres, en buste ou sur leur monument funéraire, constitua une innovation, à laquelle Desiderio participa activement, comme son contemporain Mino da Fiesole par exemple, connu entre autres pour son buste de Pierre de Médicis.

L’art des reliefs picturaux ou schiacciato

La troisième salle de l’exposition n’est composée que de deux œuvres, très bien mises en valeur du fait du large espace dont elles bénéficient. La première, datée de 1455-1457, est un bas-relief de marbre en forme de tondo, dit Tondo Arconati-Visconti, représentant les deux visages de trois-quarts de Jésus enfant et du jeune saint Jean-Baptiste, don au musée du Louvre de la marquise Arconati-Visconti. La seconde, datée de 1450-1455, est aussi un bas-relief, mais cette fois en pietra serena, représentant le profil de la tête de Saint Jean-Baptiste enfant (musée du Bargello). Ces deux reliefs sont emblématiques du modernisme et de l’évolution de l’art de la sculpture au Quattrocento. Les artistes cherchent la perfection de la sculpture, comme pour surpasser l’art de la peinture : ainsi, les différents plans d’un bas-relief doivent être très serrés et en même temps rendre parfaitement la perspective ; Ghiberti et Donatello sont les premiers à le faire, en témoigne en particulier un très beau bas-relief de Donatello, sur le socle de son Saint Michel à Orsanmichele, représentant Saint Michel et le dragon. Il s’agit de la technique du schiacciato, c’est-à-dire le bas-relief très aplati. Il permet d’imiter la peinture pour la concurrencer. C’est en effet à cette époque que naissent à Florence des débats d’intellectuels sur la comparaison des arts : de la peinture, si talentueuse pour faire vivre un paysage ou créer la perspective, ou de la sculpture, si belle dans sa reproduction de la forme humaine et de la chair, lequel de ces deux arts majestueux est le meilleur ? Le questionnement sur les possibilités techniques des arts est un des apanages de la Florence humaniste. Desiderio, lui, acquiert une grande maîtrise de la technique du schiacciato qui permet de sculpter des scènes narratives ou décoratives, le plus souvent dans des plaques de marbres de seulement quelques centimètres. C’est ce qu’exprime très bien le Profil d’un homme lauré exécuté vers 1460 (Musée du Louvre) ou encore le Saint Jérôme pénitent de la même époque (Washington, National Gallery of Art), que l’on peut admirer un peu plus loin dans l’exposition.

(JPEG)

Cette dernière œuvre est remarquable de par les détails minutieux du paysage où l’on peut apercevoir deux lions et un jeune moine apeuré derrière la vision de Saint Jérôme. À travers le foisonnement des détails et l’harmonie de la scène, on voit le génie du sculpteur à travailler le marbre, comme le ferait un orfèvre, en lui donnant une luminosité presque translucide, ou encore à la manière d’un peintre, en dégageant la perspective atmosphérique. On peut alors parler de relief pictural.

Les Vierges de tendresse et le Saint Jean-Baptiste

(JPEG)Le voyage à travers la Florence du Quattrocento et l’art du schiacciato se poursuit dans la dernière salle, où sont exposées trois Vierges à l’Enfant exécutées dans les années 1450 et 1460. Il s’agit d’œuvres destinées à la dévotion publique ou privée assez populaire à l’époque. En effet, le culte de la Vierge Marie et la dévotion privée étaient très développés à Florence. L’œuvre devait alors respirer une grande intimité. Comme dans le tondo représentant la rencontre de saint Jean-Baptiste et Jésus, la touche personnelle de Desiderio est visible par la tendresse réciproque et l’affinité des personnages, le jeu des regards et des mains. Très proches, et presque enlacés, les deux personnages donnent une représentation heureuse et rassurante de la Vierge à l’Enfant, image qui correspond de préférence à la dévotion privée.

La couleur jaune du marbre du Saint Jean-Baptiste Martelli (Musée du Bargello) se détache sur les murs blancs. L’impression est forte lorsqu’on regarde son visage aux yeux fascinants. La bouche est légèrement ouverte, comme d’ailleurs dans plusieurs autres œuvres de Desiderio, en particulier dans le Tondo Arconati-Visconti et le Profil de saint Jean-Baptiste enfant, ce qui procure au visage de saint Jean-Baptiste une expression très humaine comme s’il allait dire ce qu’il pressent au sujet de Jésus. L’adolescent est ici traité comme une apparition détenteur d’une vérité terrifiante. C’est pour cela qu’il nous regarde avec ces yeux si tourmentés. Mais quelles mains extraordinaires ont réellement façonné ce visage poignant, ce corps maigre, cette peau de bête aux reliefs soigneusement ondulés et ce déhanché élégant, bien que résigné ? La question se pose encore. L’exposition revient sur cette attribution difficile. Généralement cette œuvre est vue comme une collaboration de Desiderio et Donatello, avant que ce dernier ne parte pour Padoue. Les finitions seraient alors attribuées à Desiderio. L’attribution est d’autant plus difficile que, si la statue présente des similitudes avec le style de Desiderio, on sait que Donatello sculpta également un Saint Jean Baptiste en bois daté de 1438 (église des Frari à Venise). De même Desiderio et Donatello sculptèrent deux Madeleine en bois, avec le même corps meurtri par les privations qui lui sont infligées. En tous cas, cette statue rentre dans la tradition toscane de représenter Saint Jean-Baptiste adolescent, ascète précoce, qui rencontre le jeune Jésus dans le désert.

Les grandes commandes publiques

La panorama sur Desiderio ne peut être complet si l’on n’évoque ses œuvres effectuées sur commandes publiques, même si elles ne sont pas visibles dans l’exposition puisqu’il s’agit de monuments ornant les églises florentines. Il s’agira alors, pour les plus courageux ou plutôt pour les plus passionnés, de se rendre au cœur de la ville qui vit naître la Renaissance. Cependant, deux grandes reproductions photographiques de monuments funéraires sont intégrées à l’exposition dans un souci d’exhaustivité et de bonne compréhension de l’œuvre du sculpteur. En effet, Desiderio débute sa carrière avec la commande du tombeau du cardinal Carlo Marsuppini de l’église Santa Croce. Ce monument est achevé en 1459. Il suit le genre initié par le célèbre tombeau en marbre de l’humaniste Leonardo Bruni, auquel il fait face dans l’église, effectué à la fin de la décennie 1440 par la main de Bernardo Rossellino, contemporain et concurrent de Desiderio. L’art du monument funéraire prend de l’ampleur à cette époque à Florence, avant tout dans le but de glorifier un individu dont les actions ont marqué l’histoire de la ville. Le monument doit donc être grandiose. Rossellino, puis Desiderio, intègrent alors, dans les murs de Santa Croce, deux monuments funéraires qui reprennent les mêmes éléments d’architecture antiquisante et d’ornement. Les deux tombeaux portent par exemple une inscription et sont surmontés d’une Vierge à l’Enfant. Dans le tombeau exécuté par Desiderio, on perçoit déjà la grande finesse du modelé du marbre, ainsi qu’une certaine douceur de la composition, en particulier grâce à la présence de deux putti en armure, placés légèrement en avant du monument. Moins de dix ans plus tard, Desiderio s’attelle à une autre commande publique pour l’église San Lorenzo, église qui devait devenir le mausolée des Médicis : il s’agit de la commande du tabernacle eucharistique du Sacrement, haut de quatre mètres, et qui fut achevé en 1461. L’étroite relation entre les Médicis et cette église procure à l’œuvre de Desiderio un rayonnement de plus, en même temps qu’elle atteint une perfection de l’art renaissant. Le sculpteur a su exécuter une œuvre dans laquelle on retrouve l’harmonie classique, issue de l’Antiquité, notamment dans la perspective de la voûte, et une grande technique du travail du marbre. La beauté du monument ressort principalement de la gravité de la pietà, traitée en schiacciato, et de la légèreté étonnante donnée à l’ensemble. Mais la fortune de cette œuvre se trouve surtout dans la célébrité du bambino sortant d’un calice à son sommet, maintes fois reproduit par la suite, et dont quelques exemplaires de copies se trouvent à l’exposition. Qu’il s’agisse d’une représentation religieuse ou d’une représentation profane, les bambini ou putti ornent bon nombre de monuments de la première Renaissance.

Les putti-spiritelli, par exemple, c’est-à-dire les petits esprits, apparaissent avec le Spiritello dansant en bronze de Donatello exécuté vers 1440, conservé au musée du Bargello (a fait l’objet d’une exposition à ce même musée fin 2005). La représentation du putto qui se généralise au Quattrocento, avec les idées humanistes, peut aussi bien faire penser à un petit ange qu’à un petit Bacchus, thème qui prendra son essor dans l’art italien du Cinquecento.

Un ange parmi ses anges

À travers ces quelques exemples magnifiques de la sculpture de la première Renaissance, on découvre l’intelligence d’un sculpteur et en même temps les différents styles de la sculpture florentine de cette époque. Mais l’exposition met avant tout à l’honneur une forte personnalité, redécouverte sur le tard, et permet de faire le point sur son œuvre au niveau des datations et des attributions. Desiderio apparaît pour la première fois comme un véritable acteur de la révolution artistique qu’est la Renaissance. Le visiteur, à la fin de ce petit voyage florentin, ne pourra oublier le scintillement des marbres de Desiderio, ainsi que leur grande finesse. Tous les visages nous parlent et le parcours de l’exposition est conçu de telle sorte qu’il se termine sur la grande statue émouvante du Saint Jean-Baptiste adolescent qui ne peut laisser indifférent.

Sa carrière fut courte, comme fulgurante, et c’est d’ailleurs en partie pour cette raison qu’il fut oublié un temps. Desiderio, à la manière si gracieuse, nous dit Vasari, a su donner à ses œuvres une douceur d’âme, une passion mystique, comme un ange parmi ses anges...

par Julie Chaizemartin
Article mis en ligne le 9 janvier 2007

Légende des images, de haut en bas, logo inclus :
- première image : Desiderio da Settignano, Enfant rieur, vers 1464, marbre, 33x21,5 cm, Vienne, Kunsthistorisches Museum
- deuxième image : Desiderio da Settignano, Jeune enfant, vers 1460-1464, marbre, 30,5x26,5x16,3 cm, Washington, National Gallery of Art
- troisième image : Desiderio da Settignano, Jeune inconnue, vers 1455, marbre, Florence, musée du Bargello
- quatrième image : Desiderio da Settignano, Saint Jérôme pénitent, vers 1460-1464, marbre, 42,7x54,8 cm, Washington, National Gallery of Art
- cinquième image : Antonio Rossellino, Vierge à l’Enfant, vers 1465, marbre, 69,5x52 cm, Vienne, Kunsthistoriches Museum

Informations pratiques :
- artiste : Desiderio da Settignano (vers 1430-1464)
- dates : du 27 octobre 2006 au 22 janvier 2007
- lieu : Musée du Louvre, aile Richelieu
- renseignements : site officiel de l’exposition