Artelio

accueil > Cinéma > article




 

Vercingétorix

Le néant de la merde du film en braies !

Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute ? Non ! Un irréductible Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur. Il s’appelle Vercingétorix et il pourrit plutôt la vie des romains...


Par Toutatis, ce n’est pas avec ce film que le ciel nous tombera sur la tête ! Cette assommante superproduction franco-canadienne relevait pourtant de trois attrayantes ambitions : dépasser le mythe de Vercingétorix pour mieux atteindre la vérité de l’homme, dépoussiérer notre vision figée de la civilisation Gauloise, et nous en mettre plein les yeux avec un divertissement épique. Mais cette risible pantalonnade pour moustaches et casques à cornes rate tous ses objectifs.

Malgré toute la bonne volonté de Christophe Lambert, le personnage de Vercingétorix est particulièrement artificiel et inintéressant. Si les grandes étapes formatrices de sa vie avaient été plus intelligemment traitées, c’est-à-dire de façon moins factice, peut-être aurions-nous été plus réceptif à son grand combat. Mais son évolution est largement desservie par un usage inconséquent de l’écoulement du temps. Ainsi, nombre de personnages qui interviennent dans la jeunesse du futur Roi des Gaulois, n’ont absolument pas pris une ride en une décennie - ô invraisemblable miracle de la magie celte ! - alors que l’enfant a eu quant à lui le temps de devenir un solide gaillard. Certaines phases essentielles (son apprentissage chez les druides, le siège d’Alésia) sont traitées de la même façon, en terme de durée à l’écran, que des passages secondaires, parfois franchement inutiles, et voient de ce fait leur importance dramatique banalisée dans un flux d’images insignifiantes.

Cette utilisation désinvolte de la temporalité narrative aboutit à un effet de déréalisation, irrémédiablement accentué par la médiocrité du dialogue (tout en pseudo-sagesse et grandes phrases à deux sesterces) et une musique incroyablement inappropriée (ambiance "clipesque" avec moult sons de batterie au programme !). Bref, on en vient vite à se moquer comme d’une guigne des tribulations de nos ancêtres les Arvernes.

D’autre part, le film se veut rigoureux historiquement - il l’est très certainement en ce qui concerne les faits et les costumes - mais perpétue néanmoins l’image d’Epinal que l’on se fait des Gaulois : ripailleurs, batailleurs, indisciplinés et un peu frustres. A aucun moment le film dépasse la confrontation guerrière des hommes pour tenter de traiter celle - plus féconde - de deux systèmes de valeurs, de deux visions du monde, pour tenter de voir ce que le contact de deux cultures peut avoir comme répercutions sur les croyances et les vies des uns et des autres (chrétiens et païens).

Quant au divertissement, il se résume à voir des chevelus courir en beuglant dans un pré, des guerriers se faire empaler, et des légions romaines défiler sur une musique de fanfare ridicule - tout cela étant plutôt mal filmé.

Le bâillement est au rendez-vous, et en définitive, mieux vaut se relire un bon vieil Astérix.

par Alaric P.
Article mis en ligne le 18 avril 2004