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Márcio Faraco, chef de file de la nouvelle MPB.

On connaît très probablement de grands génies de la musique brésilienne : Tom Jobim, Caetano Veloso ou encore Chico Buarque. Depuis quelques temps cependant, un homme, plein de talent insoupçonné, façonne au gré de ses douces mélodies, sa place parmi les Grands. Peut être aura-t-il un jour, tout comme Vinicius de Moraes, sa rue à Ipanema.


Márcio Faraco est né en 1963 dans la petite ville d’Alegrete au sud du Brésil. Issu d’une famille aisée où la musique était un pilier culturel de grande importance, le petit Márcio, a, dès ses dix ans, commencé à jouer de la guitare. Il préférait cependant le piano, mais détestait le solfège. Il était certes capricieux, mais bon gré mal gré, le petit Márcio s’est forgé une culture musicale de plus en plus vaste.

Il a passé la majeure partie de son adolescence à Brasília. Pour ceux qui ne connaissent pas Brasília, c’est la ville où l’on s’ennuie. Il y a certes quelques expositions ou quelques spectacles par-ci ou par-là, mais fondamentalement, Brasília est une ville culturellement très endormie. On pourra souvent vous dire qu’"à Brasília, il n’y a rien". Ce constat était d’autant plus criant dans les années 1970, à peine une quinzaine d’années après son inauguration. Et c’est dans ce contexte que Márcio Faraco a commencé sérieusement à penser à la musique : il s’ennuyait, et n’ayant rien d’intéressant à faire dans une ville où il n’y a "rien", il a commencé à chanter. De nature rebelle, Márcio a été envoyé par son père dans un internat de Belo Horizonte, ville située entre Brasilia et Rio de Janeiro. Il s’en est enfui, a voyagé seul, a fait des rencontres. Il s’est intéressé aux festivals les plus divers. Il a d’ailleurs gagné de nombreux prix. En 1979 il fonde un premier groupe, plutôt rock and roll, qui n’a pas connu un très grand succès.

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Márcio Faraco et Chico Buarque

Il décide d’aller à Rio, point de passage obligé pour tout aspirant au succès phénoménal. Par la même occasion, il décide d’abandonner des études de droit des entreprises à Brasília. En 1988, il créa alors une autre bande, Muamba. Il jouait énormément, partout, même sur les plages. On disait que sa musique était bonne. C’était l’époque où il composait de la samba, ou de la salsa. Une peur le hantait cependant : devoir composer pour les autres, rester dans l’ombre. Et puis à Rio tout est si versatile. Les modes passent très vite les unes après les autres et emportent avec elles dans les abîmes de l’oubli tous leurs créateurs.

Márcio Faraco est alors parti pour la France, en espérant qu’en Europe on ne l’oublierait pas. Si ses débuts furent difficiles, où il jouait partout, dans les mariages, les bars, et même les enterrements, il s’est très vite propulsé dès son arrivée à Paris. Il a joué dans le groupe de Didier Sustrac, lequel l’a mis en contact avec Universal Music Jazz France. En quelques années, il a conquis de grandes salles : l’Olympia ou le Zénith. Son succès s’est propagé dans toute l’Europe ainsi qu’aux Etats-Unis. Il a ainsi par exemple joué avec Quincy Jones ou avec le Cubain Compay Segundo.

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Márcio Faraco et Compay Segundo

Son premier album Ciranda, lancé en 1999, est un chef d’œuvre. Vendu à près de 60000 exemplaires, son album a permis au public de découvrir son génie. Richesse des couleurs musicales et légèreté font de Márcio Faraco le légitime successeur de Gilberto Gil ou Chico Buarque. Son deuxième album, Interior, consacre finalement sa place parmi les Grands. Subtile mélancolie, raffinement et sensibilité sont au rendez-vous de cet album auquel ont participé des pointures comme Kenny Baron ou Daniel Mille. De façon tout à fait élégante et sobre, Márcio Faraco met en musique tous ces sentiments si forts et si intimes qui imprègnent chacune de nos vies.

Son succès en Europe a attiré l’attention de ses compatriotes brésiliens. La maison de disques Biscoito Fino a tout de suite reconnu le grand potentiel de Márcio Faraco et a immédiatement décidé de produire son album Interior, sorti au Brésil début 2004. Sa percée est actuellement non négligeable.

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Album Interior

Márcio Faraco est d’ores et déjà un nom à ne plus oublier. Véritable promesse du renouveau de la musique populaire brésilienne, il a non seulement su convaincre le monde entier mais aussi ses plus sévères juges, en l’occurrence ses compatriotes, sur la grande légèreté et la superbe finesse de sa musique.

Tout ceci démontre encore une fois que la véritable qualité ne s’acquiert qu’avec le travail et la persévérance : les talents se façonnent aussi avec le temps. On le sait sûrement, mais dans cette société où l’on veut des "succès" rapides mais en tous points relatifs, on l’oublie souvent.

Plus d’infos sur le site officiel de l’artiste...

par Simon Caqué
Article mis en ligne le 20 avril 2004