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Tindersticks : Waiting for the Moon

Tindersticks : un mot pour un groupe phare des années 90. Après avoir dérivé vers une musique plus soul avec leur précédent album Can Our Love, la formation de Stuart Staples est revenue en 2003 avec Waiting for the Moon, qui n’a eu d’autre effet que de me bouleverser. Ambition du nouveau morceau de bravoure de ces génies musicaux : vous faire décoller vers la lune, et ne plus jamais en redescendre...


Tel pourrait être en effet le sentiment que provoque l’écoute de cet album : la beauté et la mélancolie que dégage Waiting for the Moon nous propose rien de moins qu’un aller simple vers les cimes musicales. Il y a un côté crépusculaire et pourtant lumineux dans le nouvel opus de ces diamants anglais, qui ne fait que renforcer l’impression que l’on a face à cet album : le seul but des Tindersticks est de nous foudroyer en plein coeur avec leur musique, de sorte que l’on ne puisse jamais s’en remettre. Cela se confirme dès l’ouverture : "Until the morning comes" est un morceau bouleversant de justesse et d’émotion,devant lequel il est très difficile de ne pas verser une larme("please don’t cry" est pourtant le leitmotiv de la chanson).

Tout le bien que laisse entrevoir cette première chanson ne fait que se confirmer à l’écoute des autres titres : les Tindersticks ont réussi un album d’une densité et d’une variété exemplaires, renforcées en cela par des arrangements limpides et simples et la voix toujours aussi langoureuse et pénétrante de Stuart Staples. "My oblivion" en est l’illustration parfaite : quelques violons, une guitare, la voix profonde de Staples, et c’est parti pour 7 minutes d’émotion intense. Se succèderont par la suite d’autres morceaux de choix comme "Running wild", "Sweet memory".

Si les chansons citées plus haut évoquent surtout le côté "écorché vif" de la bande à Staples, d’autres morceaux ont un côté plus léger et plus ludique : "4:48 Psychosis" évoque la grande époque du Velvet Underground, "Just a dog" est une variation country, qui aussi fait bien référence aux errances westerniennes qu’à l’ironie acide d’un homme en décalage face à son époque ("I’m just a dog, learning stuff I don’t understand"), "Sometimes it hurts" nous propose une ballade romantique en duo avec la chanteuse Lhasa de Sela, dont la voix rocailleuse est un formidable complément à celle plus douce de Staples.

Quoi qu’il en soit, l’association de morceaux tantôt profonds tantôt plus légers permet ainsi à cet album de trouver un équilibre entre crépuscule et lumière, espoir et désespoir : c’est ce qui fait toute la beauté de la musique des Tindersticks. Leurs fans d’ailleurs vous le diront : on ne se remet jamais totalement de l’écoute d’un album des Tindersticks, ce qui se confirme avec Waiting for the Moon, qui vous possèdera certainement pour un petit moment. Un chef d’oeuvre d’émotion, qui se pose comme un des albums de l’année 2003. En un mot : essentiel.

par Alexis Robache
Article mis en ligne le 24 mai 2004