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Le Palais de la Bénédictine à Fécamp

Collections permanentes

De passage par Fécamp, n’hésitez pas à faire une halte pour visiter le palais de la Bénédictine. Sous des faux airs d’abbaye de Cluny, ce palais au style flamboyant ne manque pas d’accrocher l’œil. Construit au 19ème siècle par Camille Albert, sur la commande d’Alexandre le Grand, négociant en vin, et sous l’œil vigilant de Viollet-le-duc, ce palais est l’actuel écrin de la Bénédictine.


En 1510, Dom Bernardo Vincelli, moine bénédictin de l’abbaye de Fécamp invente ce qui deviendra la Bénédictine. Au 19ème siècle, Alexandre le Grand s’inspire de la recette de Dom Bernardo Vincelli pour créer la fameuse liqueur. Cet homme de commerce et de marketing développe une véritable stratégie de commercialisation de sa liqueur, comme l’expliquent les planches d’exposition de la salle Alexandre le Grand. Le visiteur ne manquera pas de s’arrêter sur l’imposante pyramide de bouteilles de bénédictine contrefaites qui siègent au centre de cette salle. Il faut noter que, dans sa stratégie de commercialisation, Alexandre le Grand n’hésite pas à recourir à la publicité : les grands artistes de l’affiche du 19ème (Cappiello, Lopes Silva) assurent efficacement la diffusion de l’image de la liqueur. Enfin, le négociant fait construire ce palais, bijou du 19ème, dont la distillerie et les caves sont visitables partiellement.

L’intérieur du palais vaut le détour essentiellement grâce au caractère de collectionneur d’Alexandre le Grand. Celui-ci a travaillé, sa vie durant, à la confection d’un véritable cabinet de curiosités qui recèle aujourd’hui d’innombrables indices de l’Histoire, du Moyen Âge au 19ème siècle. Ce cabinet est devenu actuellement un musée des Beaux-Arts, logé dans quatre salles. Pour en faire le tour sérieusement et sans trop de frustration, le visiteur devra prendre deux heures de son temps. La première salle est une salle dédiée à l’art gothique, qui recèle des collections d’ivoire, de livres d’heures et d’émaux champlevés du 13ème siècle. La seconde salle, dénommée « salle Renaissance » est l’exemple même du cabinet de curiosités : une admirable collection de ferronnerie (la cinquième de France par la quantité) occupe de façon imposante la pièce. La présence de nombreux coffres augmente l’impression d’encombrement. La Pinacothèque, troisième salle du Palais présente une riche collection de peintures sur bois : quatre écoles se partagent les murs de la pièce (École allemande, flamande, italienne et française). Enfin, la dernière salle, l’Oratoire et la salle du Dôme, présente diverses statues en albâtre, qui côtoient quelques sculpture sur bois. Et ceci n’est qu’une simple énumération non exhaustive de la richesse des collections du musée.

Pour ceux qui ont encore des doutes, il faut mentionner que le Palais de la Bénédictine a fait l’objet d’une véritable recherche en matière de pédagogie de l’exposition. À l’entrée du musée, un petit guide d’une dizaine de pages, est fourni au visiteur qui profitera au maximum des collections du Palais. Loin de s’adresser à un public d’aficionados, le Palais de la Bénédictine développe tout un didactisme de l’exposition. De nombreuses pièces sont accompagnées de commentaires, qui expliquent ce que le visiteur a devant les yeux. Ces commentaires ne s’encombrent guère de détails formels peu significatifs, qui peuvent malgré tout faire défaut aux visiteurs à l’œil affûté. Le Palais de la Bénédictine n’est pas un énième musée des Beaux-Arts. Si la disposition des collections présente l’écueil de l’immobilisme de l’ordre chronologique abordé sous un angle descriptif, le travail d’explication réalisé par ailleurs est louable et dynamise cette collection.

Mais il faut se méfier des apparences : les affiches de publicité pour le musée louent la visite des caves du Palais. Il ne faut pas s’attendre à déambuler au sein de la distillerie ou des caves. Ce Palais est avant tout un musée des Beaux-Arts. Les caves sont visitables de loin et rapidement. Comme dans toute distillerie, il est rappelé les principes du procédé de distillation. N’ayant que très peu de connaissances en matière de distillation, je n’ai pas pu saisir ce qui faisait l’originalité de cette liqueur. Un point d’honneur cependant est mis sur la présentation des divers arômes qui entrent dans la fabrication de la bénédictine. On apprend ainsi que la bénédictine est composée de vingt-sept plantes et épices, telles l’angélique, la mélisse, la cannelle. Enfin, la fin de la visite pourra coïncider pour ceux qui le souhaitent avec une « dégustation », comme il est d’usage dans les distilleries. Et pour ceux que la bénédictine aura séduit, la boutique sera là pour leur permettre de faire l’acquisition de cet or brun.

par Aurore Rubio
Article mis en ligne le 12 juin 2004

Informations pratiques :
 artiste : divers
 lieu : Palais de la Bénédictine, 110 rue Alexandre Le Grand, 76 400 Fécamp
 renseignements : Tél : 02 35 10 26 10, site internet : http://www.benedictine.fr