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Artistes
Jean-Auguste Dominique Ingres (1780-1867) est exposé au Louvre, aile Denon. Il s’agit d’une cinquantaine de dessins, affichés assez sobrement, le tout dans deux salles. On peut y apprécier le talent de l’artiste français, qui tire les portraits, en pied ou en gros plan, de personnages seuls ou de familles au complet ; des bourgeois locaux ou de voyageurs effectuant le tour d’Italie, des commandes qui permirent à Ingres de subvenir à ses besoins après la chute de L’Empire et de ses commandes.
Sont également proposées des études, qui permettent de mieux comprendre les procédés de dessins du maître, qui reproduit sans difficultés les moindres parties du corps de ses contemporains. Le détail est stupéfiant : en regardant de très près (un peu de retenue, tout de même ! on en voit qui ont le nez collé aux vitres !), aucune faiblesse, aucune disproportion ou erreur n’est perceptible. L’impression de volume qu’ Ingres parvient à donner au moindre élément est impressionnante, le tout avec un nombre de traits très réduit, et une finesse d’exécution incomparable.
La qualité du trait de l’artiste est véritablement bluffante : ceux qui ont déjà été confronté à la difficulté de représenter un sujet avec une grande fidélité, et cela sans accumuler indéfiniment les traits, dont la moitié n’aura finalement aucun intérêt (comme c’est mon cas) peuvent ici prendre exemple sur une précision et un doigté fascinant. Le tour de force de telles oeuvres, c’est celui qu’Ingres parvient à réaliser en donnant dès le début à ses modèles une impression de réalisme remarquable, tant dans le dessin des drapés, des accessoires, des corps, mais aussi dans la représentation des visages de ses modèles. L’exposition parsème discrètement le bref parcours de commentaires, parmi lesquels une citation de Baudelaire, qui reconnaît, admiratif, le talent du maître.
Les sujets d’Ingres, essentiellement des familles de notables, représentées ensemble ou séparément, offrent un panorama complet des différents vêtements du XIXème siècle. Les scènes mythologiques, épiques, sont quant à elles frappantes.
Une véritable leçon de dessin, que l’on appréciera surtout pour la maîtrise technique de l’artiste, un des plus grands dessinateurs français.
par Antoine Soubrier
Article mis en ligne le 19 mai 2004 (réédition)
Publication originale 19 mai 2004