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Da Vinci Code, de Dan Brown

Anatomie d’un succès prévisible et facile

Prenez un auteur à succès. Dan Brown. Un sujet hautement polémique : le Graal, avec l’ensemble de l’imaginaire qui s’y rapporte. Secouez bien. Situez le cadre de l’intrigue dans une France de carte postale. Mettez le tout en scène comme au cinéma. Et vous obtenez un drôle de roman, thriller, qui fait un tabac non seulement aux USA mais aussi en France... mais pourquoi diable ?


Une histoire aux composantes basiques

Pourquoi ce livre est-il aussi captivant ? Est-ce à cause de l’écriture ? Non. Les effets stylistiques se résument au minimum. L’écriture de Brown, ainsi que l’ensemble du livre tient davantage au scénario, du script que du roman. Tout y est détaillé : effet de lumière,(JPEG) mouvement des personnages. Hollywood n’ayant plus qu’à racheter les droits du livre pour l’adapter au cinéma dans un blockbuster digne de ce nom.

Est-ce alors à cause de l’intrigue ? Elle est relativement simple, classique, attendue même. Le bien contre le mal sur fond de conspiration millénaire, historique.

Un professeur américain, Langdon, alors de passage à Paris va se retrouver soupçonné du meurtre du conservateur du Musée du Louvre : Jacques Sausnière. Sa petite fille, Sophie Neveu, agent spécial et travaille pour la police scientique en tant que spécialiste cryptographe. Le corps de Sausnières fut retrouvé dans une position tout à fait étrange. Et un étrange "ps" laissera croire à la police française à la culpabilité de Langdon...

Le sujet du livre est donc la quête du secret de Sausnières dont on soupçonne qu’il est lié intimement à un autre mystère beaucoup plus antique , plus intriguant et qui suscite depuis des temps immémoriaux bien des convoitises : celui du Graal et d’une société secrète fondée par Godefroi de Bouillon, l’opaque "Prieuré de Sion".

De symboles en symboles, d’énigmes en énigmes, nos protagonistes avanceront dans les rues parisiennes, londoniennes et dans un château écossais. Le méchant étant bien sûr inconnu, trouble, mystérieur et se faisant appelé The Teacher. Qui est-il ? Quels sont ses liens avec l’Opus Dei dont l’austérité et la sévérité voire la violence du rejet de l’élément féminin nous laisse croire petit à petit qu’ils ont quelque chose à voir dans le combat opposant dans ce livre l’Eglise au Prieuré.

Le propos et le mystère du livre joue sur la nature du Graal ? Celui-ci sera l’objet de discussions et de la résolutions d’énigmes reprises par les fils narratifs qui, s’ils sont relativement bien entrelacés laissent cependant un arrière-goût de déception : l’auteur de tient pas la distance et si l’histoire démarre impétueusement, le lecteur malin et avisé aura rapidement saisi là où veut l’emmener l’auteur. Par ailleurs, la conspiration face à laquelle les deux personnages principaux sont confrontés participe bien entendu de l’efficace du roman.

Reste maintenant à examiner quels sont les différents leviers permettant à Brown d’attirer l’attention de son lectorat et de gagner une audience de plus en plus large : toujours best-seller aux USA [1] selon le New-York Times et dans le top 3 des ventes de nombreuses boutiques en ligne.

Des ingrédients classiques

L’un des éléments qui contribue sans doute au succès du livre est l’ambiguïté que manie de manière experte son auteur. Si la catégorie du livre figure sur sa couverture américaine - novel - il n’en demeure pas moins que figurent après le titre du livre des faits. Et que c’est précisément ces faits qui permettent ensuite à l’auteur de revendiquer une certaine objectivité, un certain réalisme.

Ces faits sont relativement simples. D’une part poser l’existence d’une société secrète : The priory of sion qui remonterait à Mérovée et dont auraient été grand-maître Newton, Hugo et De Vinci. Ce prieuré aurait été fondé selon Brown pour rechercher le Saint Graal dans le temple de Salomon à Jérusalem lors des croisades. Son premier grand maître : Godefroi de Bouillon. Et Brown d’avancer qu’ils, les templiers, auraient trouvé quelque chose.

(JPEG)

Deuxième "fait" : The Vatican prelature know as Opus Dei is deeply devout Catholic sect that has been the topic of recent controversy due to reports of brainwashing, coercion and dangerous practcice knows as "corporal mortification". Opus Dei has just completed construction of a $47 million National Headquartes at 243 Lexington Avenue in NY City.

Voilà pour les "mafieux". Mais, surtout, voici qui permettra définitivement au trouble de s’insinuer dans l’esprit du lecteur peu attentif : all descriptions of artwork, architecture, documents, and secret rituals in this novel are accurate.

Si Brown rappelle qu’il s’agit d’un roman c’est pour mieux s’en extraire étant donné que tous les éléments sur lesquels il se fonde sont avérés. Ainsi par un syllogisme redoutable, si toutes les descriptions présentes dans ce livres sont vrai, le sujet et l’objet de ce livre doivent nécessairement l’être également.

Subtile. Et voici le lecteur captif de la logique auctoriale dès les premières lignes.

Certains auront alors tôt faits de relever les inexactitudes. Ici sur le hoax du Prieuré , d’autres feront du business sur le bouquin en organisant des tours "Da Vinci"  [2] : la force du livre provient incontestablement de ce à quoi il s’attaque. Aux dogmes chrétiens.

Et partant à ce qui fonde en partie la civilisation occidentale.

Si ce que décrit le livre est avéré, alors, oui, pourquoi le massacre des templiers ? Souvenez-vous... le 13 Octobre 1307, Philippe Le Bel fait arréter tous les templiers avec le soutien de l’Eglise [3]. Idem pour la constitution de la bible. L’ensemble des différents moments constitutifs de l’institution religieuse qu’est l’Eglise sera soigneusement expliqué selon l epoint de vue de nos protagonistes.

Si nous ne savons toujours pas ce qu’est le Graal, c’est que quelqu’un, ou une institution quelconque a intérêt à nous le cacher. Qui ? L’Eglise. L’affaire est entendue. Et à partir du moment ou De Vinci fut grand-maître du Prieuré, il se serait servi de son art comme d’un medium puissant pour nous distiller certains renseignements.

A la bonne heure.

Spéculant sur le sens que recherchent nombre de ses compatriotes, et plus généralement les citoyens des pays développés s’interrogeant sur le sens de leur vie, Brown leur propose un modèle charmeur dans la mesure où la conspiration leur permet de se rattacher à quelque chose plutôt qu’à rien. Et si le Graal était ici ? Dans l’art de duper son monde par des histoires ?

En conclusion, à vous de vous aventurer à parcourir les pages de ce livre en sachant qu’il ne s’agit que d’une... histoire.


Prolongez l’analyse avec notre réflexion sur Angels & Demons


par Hermes
Article mis en ligne le 7 mars 2005 (réédition)
Publication originale 24 octobre 2004

[1] Released in March 2003, The Da Vinci Code by Dan Brown has sold more than 4.5 million copies (as of January 2004, despite the six percent decline in hardback sales overall). It has camped atop the New York Times bestseller list. In November, ABC aired a primetime special entitled Jesus, Mary and Da Vinci : Exploring Controversial Theories About Religious Figures and the Holy Grail. source

[2] “The da Vinci Code”, the controversial thriller by Dan Brown starts in Paris, and the first half of the novel takes place in the City of Lights. With your private guide, you will retrace Robert Langdon and Sophie Neveu’s footsteps as they decipher clues hidden in Leonardo da Vinci’s masterpieces : the Ritz-Carlton Hotel, la Grande Galerie du Musée du Louvre, where fictional curator Jacques Saunière has been murdered, works of art such as the Mona Lisa and The Virgin of the Rocks by Leonardo da Vinci, the Death of the Virgin by Caravaggio, l’arc du Carousel, pont du Carousel, the frescoes by Eugène Delacroix, the ceiling, the astronomical gnomen, and the “brass Line” inside Saint-Sulpice Church, and the jardin des Tuileries. You’ll find the Arago plaques (pictured at left) that mark Paris’ “Rose Line”, the north-south meridional line from which all east-west distances in France were measured until 1884. Search for the holy grail in I.M. Pei’s Inverted Pyramid... Author Dan Brown maintains that “all descriptions of artwork, architecture, in the book are accurate”... Find out for yourself where the truth stops and the fiction begins !

[3] Cf. p. 159 sq. pour la version de Brown. Une autre version ici

Voici le synopsis que donne Brown sur son site  :

While in Paris on business, Harvard symbologist Robert Langdon receives an urgent late-night phone call : the elderly curator of the Louvre has been murdered inside the museum. Near the body, police have found a baffling cipher. Solving the enigmatic riddle, Langdon is stunned to discover it leads to a trail of clues hidden in the works of Da Vinci...clues visible for all to see...and yet ingeniously disguised by the painter.

Langdon joins forces with a gifted French cryptologist, Sophie Neveu, and learns the late curator was involved in the Priory of Sion-an actual secret society whose members included Sir Isaac Newton, Botticelli, Victor Hugo, and Da Vinci, among others. The Louvre curator has sacrificed his life to protect the Priory’s most sacred trust : the location of a vastly important religious relic, hidden for centuries.

In a breathless race through Paris, London, and beyond, Langdon and Neveu match wits with a faceless powerbroker who appears to work for Opus Dei-a clandestine, Vatican-sanctioned Catholic sect believed to have long plotted to seize the Priory’s secret. Unless Langdon and Neveu can decipher the labyrinthine puzzle in time, the Priory’s secret-and a stunning historical truth-will be lost forever.

In an exhilarating blend of relentless adventure, scholarly intrigue, and cutting wit, symbologist Robert Langdon (first introduced in Dan Brown’s bestselling Angels & Demons) is the most original character to appear in years. THE DA VINCI CODE heralds the arrival of a new breed of lightening-paced, intelligent thriller...surprising at every twist, absorbing at every turn, and in the end, utterly unpredictable...right up to its astonishing conclusion.

Publié chez Doubleday. Avril 2003.

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