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Les œuvres du plasticien suisse sont à découvrir à la galerie Almine Rech et au Centre Pompidou, où est installé un ambitieux projet vidéo produit en collaboration avec le Musée National des Arts et Métiers, MNAM.
Avec Lessness, présentée à la galerie Almine Rech jusqu’au 19 avril, Ugo Rondinone invite le spectateur dans un espace ambigu. Passé la porte de la galerie, il nous confronte à une structure monumentale, obstacle entravant l’entrée dans le lieu, structure en croix, miroir noir ne reflétant guère que notre propre image. Ce face-à-face terminé, la première salle expose des masques conçus par l’artiste, évoquant les masques africains, avec une ambiguïté tenant à la modernité du matériau combinée au dénuement de la forme et à l’aura traditionnelle de l’objet.
La salle du fond fait cohabiter une charpente métallique épurée, émetteur sonore et support de dessins mettant en scène un drôle d’oiseau anthropomorphe, et des panneaux, bicolores et géométriques, aussi minimaux que la structure au sein de laquelle ils s’intègrent.
Roundelay est un projet étonnant, ambitieux et brillamment réalisé. Cette production, à laquelle a contribué le Centre Pompidou dans le cadre de la politique de commande mise en place depuis sa création, est une installation vidéo, première réalisation audiovisuelle importante de l’artiste. L’ampleur du projet tient au fait qu’il a impliqué tournage, montage sur plusieurs écrans, six au total, et sonorisation multipiste. Rondinone nous offre en fait deux choses.
D’abord, un lieu. On avance dans un espace blanc qui s’apparente à une sculpture et qui conditionne l’entrée du spectateur au sein de l’installation vidéo. Le lieu de diffusion est clos, l’isolement est un élément clé de l’œuvre. La forme de l’espace intérieur ne pouvait se deviner de l’extérieur : un hexagone au sein duquel le spectateur est entouré de 6 écrans projetant la réalisation vidéo de l’artiste. Roundelay a été tourné au sein d’un lieu typique de l’architecture moderne des années 60 à Paris, Beaugrenelle. La caméra de l’artiste a suivi deux personnages déambulant dans ce lieu froid à l’allure de labyrinthe. Le son contribue à l’atmosphère, son et images immergent le spectateur, au rythme hypnotisant du carrelage géométrique. On pourrait rester des heures dans cet univers esthétique minimal où la vie ralentit et donne un étrange sentiment d’infini, une sorte d’histoire sans fin, à la fois angoissante et rassurante.
par Vanessa Desclaux
Article mis en ligne le 8 mars 2003