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Captain Tsubasa

Un gars qui aime le foot plus que toi !

C’est l’histoire, insolite, d’un jeune garçon japonais, qui aime le foot, vit pour et par le foot, et qui va devenir le joueur le plus fort du monde. Ce synopsis ressemble à une blague, tant il est pétri de naïveté et d’irréalisme. Mais pourtant, ce qui ressemble à un rêve de gosse, est devenu un classique de la bande-dessinée et des séries TV, diffusé dans le monde entier, et poussant vers le foot des joueurs de la dimension de Francesco Totti (AS Rome) ou Hideoshi Nakata (AS Parme).


Captain Tsubasa, plus connu en France sous le nom de Olive et Tom est un manga de sport. Construit autour d’une série d’affrontements et matchs qui conduisent les héros vers de nouveaux horizons, franchissant pallier après pallier dans la hiérarchie du football.

C’est aussi une histoire d’amitié, entre des jeunes, animés de la même passion pour le ballon rond, et qui nourrissent le rêve commun de donner la coupe du monde au Japon.

Une idée de départ toute simple qui va devenir légende

(JPEG) Le point de départ du scénario de Captain Tsubasa est, comme on vient de le voir, assez simpliste. Il est même naïf aux yeux des amateurs de football, qui savent bien ce que vaut le Japon dans ce sport (surtout que l’on est alors dans les années 80, et que le Japon n’est même pas doté d’un championnat professionnel comparable à l’actuelle J-League.)

Pourtant, on ne peut s’empêcher de s’attacher aux jeunes héros. Leurs personnalités très différentes, mais toutes bien marquées, se confrontent et se rejoingnent au travers des matchs. Ils apprennent à mieux se connaître tout en aprofondissant leur maîtrise du football.

Le héros est Tsubasa, un jeune surdoué du ballon rond, qui va défier d’abord Genzô Wakabayashi (Thomas Price) qui est réputé être le meilleur gardien de but du Japon et dont le rêve est de devenir footballeur professionnel, puis Hyuga (Mark Landers), un redoutable attaquant, très physique. A ce trio, on peut ajouter le très sympathique Misaki (Ben Becker), artiste du ballon, plus en retrait de par son caractère plus doux, mais aussi le meilleur ami de Tsubasa.

Ces quatre joueurs sont au coeur de la génération de surdoués issue de l’esprit fertile de Takahashi Yoichi, cependant, ils sont entrourés de nombres d’autres joueurs, dont beaucoup sont très attachants. C’est sans doute la capacité de l’auteur à susciter ainsi des personnages aux destins et caractères attrayants qui a contribué à donner à cette série son ampleur et sa popularité. (JPEG) En effet, aujourd’hui, alors que la série Captain Tsubasa est achevée depuis longtemps, elle a été suivie de la série World Youth Hen (publiée chez J’ai Lu sous le titre Captain Tsubasa World Youth) et en ce moment par la série Road to 2002. Cette dernière conduit Tsubasa dans le monde des pros, au FC Barcelone.

Un rythme haletant !

Manga de sport, Captain Tsubasa repose sur l’enchaînement de matchs et d’affrontements entre les joueurs, qui, d’une fois sur l’autre, ont incroyablement progressé.

On peut reprocher à Takahashi l’inéluctable dénouement de chaque rencontre : "le football est un sport qui se pratique à 22, mais à la fin c’est toujours Tsubasa qui gagne", pourrait-on dire de ce manga pour paraphraser Gary Lineker parlant du football allemand.

Cependant, cela est lié à l’incroyable volonté de vaincre du jeune Tsubasa, décidé à devenir le meilleur joueur du monde pour offrir la coupe du monde au Japon. Seuls Wakabayashi et Hyuga parviennent à s’offrir le luxe d’un match nul contre lui, ce qui illustre la vision que Takahashi a des niveaux respectifs de ses personnages.

Le déroulement des matchs est souvent riche de rebondissements, au point que certains s’étallent sur plus de trois manga. Ces palpitants duels contribuent par-dessus tout à rendre ce manga très attrayant. Toutefois, l’issue des matchs est prévisible, donc c’est le "comment" et non pas l’issue qui sont captivants.

Le dessin soutient parfaitement ces rebondissements haletants. Les actions sont fort bien découpées, mettant en valeur la vitesse, ou les dribbles des personnages. Cependant, si la rapidité et le suspens sont parfaitement servis par la plume de l’auteur, on ne peut que remarquer une faiblesse certaine dans le dessin général des personnages, dotés de jambes interminables, dont les pieds sont difformes (ce qui est dommage pour des footballeurs). Les visages de certains personnages, comme Sawada sont parfois très naïfs, avec des yeux qui ressemblent à des oeufs sur le plat... Mais cette faiblesse est toute relative, car le style de Takahashi est fondé sur la vitesse et la dynamique de l’affrontement. Cela se traduit par un usage jusqu’à la saturation des lignes de mouvement, ou encore un découpage de la page très puissant. Takahashi parvient à faire exploser le cadre de ses bulles, sans pour autant perdre en cohérence sa planche.

Un duel qui obéit à des règles

On peut regretter la tendence du manga à privilégier les héros sur les autres membres des équipes. En effet, bien que tous les entraîneurs et joueurs s’acharnent à soutenir que "le jeu collectif est ce qui prime", seules les actions individuelles des joueurs fuoriclasse permettent de faire la décision, à quelques exceptions près.

Cette vision, qui conduit les gardiens de talent à arrêter des frappes à bout portant de second couteaux, ou les fuoriclasse a marquer depuis le milieu du terrain, répond cependant à des règles précises. (JPEG) Takahashi a une vision hiérarchisée du talent de tous les joueurs principaux qu’il met en scène, et c’est ainsi que l’on sait - comme dans un jeu vidéo où les talents des joueurs seraient chiffrés - qui va l’emporter. Evidemment, ces duels n’excluent pas qu’un joueur, a priori plus faible, puisse se surpasser et l’emporter temporairement, comme Matsuyama qui parvient à conserver le ballon face au prodige argentin Diaz.

Un manga qui arrive à son terme

Répondant à des logiques de publication hebdomadaire ou mensuelle, les manga voient souvent leur trame évoluer au fil de leur popularité, et des inspirations subites de l’auteur.

Il est à cet égard très intéressant de constater que Captain Tsubasa se referme sur la réalisation des rêves des héros : Tsubasa part au Brésil pour rejoindre Roberto Hongô son entraîneur, et Wakabayashi signe son premier contrat professionel. Or ces deux événements n’arrivent pas au gré du hasard, bâclés, mais bien ammenés par le flux des affrontements et des compétitions, on peut donc saluer la perséverance et l’application de l’auteur.

De la série TV

Sans doute plus fameuse que le manga lui-même, elle est cependant beaucoup moins enthousiasmante. Les matchs sont souvent rallongés inutilement, les actions y sont répétitives. Cependant, elle s’est imposée comme un grand classique, dont les faiblesses devenaient les plus grandes forces, comme le terrain interminable, qui à la fois agace, et fait rire. (JPEG) On peut aussi regretter l’ajout de quelques épisodes, sensés représenter le tournoi international, sous la forme de flash-back, juste avant la finale, qui sont le prétexte pour exhiber des maillots d’une laideur impressionante et des compositions d’équipes improbables.

Captain Tsubasa et le football

La relation est ambigue entre ce manga et le sport qu’il met en scène. En effet, le seul rapport entre les deux semble être que le ballon est au coeur des événements. Certes, le propos est provocateur, car Takahashi respecte les schémas tactiques en vigueur, ainsi que les règles du football.

Alors qu’un manga comme Slam Dunk présente le basket de manière très réaliste, Takahashi, lui, met en scène des matchs bien plus spectaculaires que ce que le football peut offrir : des tirs spectaculaires, des ballons qui se déforment sous la puissance des frappes, des acrobaties, et jusqu’à des trajectoires de ballon impossibles. La méconaissance que l’auteur peut avoir des spécificités du football est mise en lumière par quelques détails, comme la persistance à penser qu’un joueur se fatigue moins en défense qu’en attaque, alors que c’est exactement l’inverse !

C’est sans doute ce rapport très libre au football qui fait la spécificité de ce manga, et aussi son succès, qui fait que aussi bien des fans de ce sport, que des personnes ne s’y intéressant pas du tout ont été convaincus par Captain Tsubasa.

Avec l’évolution du manga, on remarque que l’histoire s’intègre de plus en plus dans le contexte du football, avec la prise en compte des championnats, de leurs specificités et du niveau mondial. La seule "anomalie" étant la récurrente présence du Japon de Tsubasa au sommet de tous les palmarès.

L’apologie du travail et de la détermination

De match en match, seul le travail en amont, et la volonté de vaincre, jusqu’à la dernière seconde, sont les armes qui permettent de l’emporter.

Plusieurs fois, les joueurs se remémorent leur entraînement. Hikaru Matsuyama en particulier, est un joueur qui n’a pas de dispositions particulières pour le football, mais c’est à force de s’entraîner dans la neige d’Hokkaidô, qu’il parvient à s’intégrer comme pilier de l’équipe nationale.

Hyuga est aussi un joueur qui travaille beaucoup. Alors qu’il vient de perdre trois finales de championnat consécutives contre Tsubasa, il abandonne son équipe pour retrouver sa force et sa détermination. Cet abandon alors qu’il est capitaine sera lourdement puni, soulignant ainsi l’importance du rôle du capitaine, et l’importance que les Japonais y attachent, mais son entraînement trouve ses fruits durant la finale. Il parvient en effet à décrocher le nul et à partager le titre avec Tsubasa en se surpassant, grâce à sa détermination retrouvée.

Même le surdoué Tsubasa est souvent montré travaillant tard le soir, une fois que ses coéquipiers ont achevé leur travail, pour se perfectionner. C’est cet acharnement qui lui permet de mettre au point des tirs redoutables, et de continuer à jouer, alors qu’il collectionne les blessures au fil de la compétition.

Que ce soient les blessures, ou la fatigue, le manga met l’accent sur la capacité de l’esprit à transcender les capacités du corps pour repousser ses limites. Durant le tournoi benjamin, Jun Misugi, jeune surdoué qui souffre d’un retard de développement cardiaque, repousse ses limites pour aller au terme de sa confrontation avec Tsubasa, malgré sa douleur. Lors du tournoi des collèges, Tsubasa est touché à la cheville et à l’épaule, cependant, il se bat jusqu’au terme de la compétition, et cela bien qu’il se soit évanoui plusieurs fois durant la finale. Cette volonté est empreinte de surréalisme pour une histoire de jeunes garçons qui jouent au football, mais c’est toute cette démesure qui fait le charme de Captain Tsubasa. (JPEG) Cette apologie est conjugée à l’amitié, au dévouement à l’équipe, au groupe d’ami. Cela contribue à faire de Captain Tsubasa le manga de référence du nekketsu. [1]

Une référence culturelle

Désormais, Olive et Tom en France, ou Oli et Benj en Italie, sont des références culturelles. Connus au travers du dessin animé, importé d’abord en Italie, puis répandu à travers toute l’Europe, les jeunes garçons ont marqué toute une génération de spectateurs. Régulièrement, le dessin animé est rediffusé. France 5 a profité de la dernière coupe du monde pour le programmer pendant le printemps et l’été. Ou même plus récemment (au printemps 2004), pour diffuser les épisodes inédits de Road to 2002 librement adaptés du manga en cours de publication au Japon.

Les fans de la première heure, ou même ceux qui ont découvert la série au travers des mangas, forment une importante communauté sur internet, où l’on recensse de nombreux sites dédiés à Tsubasa et à sa bande. On peut notamment y apprendre beaucoup de choses sur certains hors séries, ou sur la suite de la série, qui n’ont jamais été publiés en France.


Tsubasa-United, site très complet sur l’univers de Takahashi. Animé par une team qui s’est lancée dans la scanlation de Road to 2002


par Pierre Raphaël
Article mis en ligne le 20 juillet 2004

[1] nekketsu : litt. "Sang bouillant", se caractérise par l’amitié, le dévouement au groupe, la détermination. C’est la caractéristique majeure du genre shônen.

Mangaka : Takahashi Yoichi

Editeur (France) : J’ai Lu mangas

Nombre de volumes :

Captain Tsubasa : 37

World Youth Hen : 18

Road to 2002 : en cours de publication

Il semble désormais acquis que le manga Road to 2002 ne sera pas traduit en France. L’éditeur japonais souhaite éviter tout conflit avec les clubs européens dont les noms, joueurs et logos sont reproduits dans le manga. D’ailleurs, l’animé diffusé sur France 5 prend bien soin d’employer des noms diffénts des originaux.

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