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Universal Syncopations : disque d’émoi 2003

Disque de l’année pour certains critiques, Universal Syncopations réunit un quintette de rêve autour du bassiste Miroslav Vitous pour le fameux label ECM. Sophistiqué, raffiné et surprenant, ce type de jazz ne manquera pas d’insister sur l’originalité et l’actualité du jazz.


Tout d’abord les présentations. Gabarek Jan au sax. Corea Chick au piano. McLaughlin John à la gratte. DeJohnette Jack à la tchak boum tchak. Et Miroslav Vitous à la basse. Cinq monstres. Et bien, lorsqu’ils se retrouvent du pupitre, force est de constater qu’ils se dégagent une harmonie et une complicité bien réelle.

En témoigne le "Tram Blues" où saxo et basse se répondent malicieusement. Et Madame Contrebasse de se faire féline. Et Monsieur Saxophone de se faire opulent. Plus que les jeux instrumentaux, c’est la profondeur de champ des lignes mélodiques que l’on peut savourer. En effet, grâce au talent de chacun, aucun thème, aucune ligne conductrice ne semble pouvoir épuiser l’inspiration de notre fine équipe qui travaille en permanence et de manière très fine sur l’enrichissement progressif des schèmes musicaux.

Ce qui en fait un album profond. Certes, l’écoute peut paraître parfois aride. Et comme souvent, certains albums estampillés ECM ont ce je-ne-sais-quoi qui rebute, qui peut gonfler et parfois lasser. M’est souvenir d’un concert de Jarrett - l’une des figures de proue dudit label - qui s’est livré à moi trois longues années après l’achat de l’album. Ainsi, l’album s’inaugure sur une atmosphère souple et légère - "Bamboo Forest" - posant légèrement un swing sobre et stylé instaurant un jeu d’écho entre Gabarek et Vitous.

La deuxième plage - "Univoyage" - propose un dialogue cette fois entre le piano et la basse : la dynamique posée, chaque instrument viendra déployer à sa manière et selon ses perspectives tonales et physiologiques l’espace musical : ainsi le paysage se dessine petit à petit et se précise entre guitare et saxo, puis basse et piano deviennent les fils conducteurs. Bien sûr, les sauts de gamme et la démonstration technique pourront en décourager certains.

Qu’ils persévèrent : l’incipit un peu rude de "Sun Flower" permet ensuite d’entamer un réel dépassement, une réelle appropriation des contraintes rythmiques et tonales traditionnellement à l’oeuvre dans un jazz dépouillé et sophistiqué.

Enfin, comme toujours chez ECM, l’ensemble de l’album est une petite merveille d’esthétisme. La pochette est travaillée, et le visuel, l’objet même donne envie de le posséder, de se l’approprier... Bref, que du bon.

En conclusion, un disque à mettre entre toutes les oreilles, même si la première écoute en déroutera certains, qu’ils laissent à cet album la possibilité de pleinement s’exprimer... M’en vais vous faire une paidéïa du jazz moi !

par Hermes
Article mis en ligne le 1er mars 2004

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