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La ville est tranquille

Sous le soleil, portrait au noir

Marseille en l’an 2000. Michèle, qui travaille à la criée alors que son mari chômeur fricote avec les milieux d’extrême droite fait appel à son ancien amant Gérard afin d’obtenir de la drogue pour sa fille. Paul, chauffeur de taxi, tombe alors amoureux de cette Mère Courage...


Fausse blonde et vraie rousse (JPEG)Encore une fois nous avons droit au soleil phocéen et à la même bande d’acteurs. Mais la gouaille salvatrice et la bonne humeur méridionale de Marius et Jeannette ne se retrouvent pas dans le nouveau film de Robert Guédiguian. La ville est tranquille se veut une antithèse illustrée de son titre (auquel se rattache le paisible panoramique d’ouverture). Dans cette démonstration les arguments tournent autour des problèmes sociaux, de l’extrémisme raciste, mais aussi d’une certaine misère relationnelle. Rien qu’il ne soit a priori inutile de traiter, mais rien de bien nouveau non plus. Pour transcender ce sujet, peut-être aurait-il fallu y insuffler une véritable tension dramatique ainsi qu’une certaine subtilité.

La vie c'est pas gai parfois... (JPEG)Mais les individus, qu’il s’agisse des parents communistes de Paul, du mari alcoolique de Michèle, du tueur professionnel Gérard (dont l’ultime acte est d’autant plus surprenant qu’il n’est pas vraiment compréhensible ; en effet, rien dans le personnage ne permet d’expliciter ce geste), ou encore de Sarkis, le petit pianiste virtuose qui semble là dans le seul but d’apporter au film une conclusion optimiste, tous ne sont ici que des exemples fonctionnels, réductibles à quelques traits sociologiques. Sans densité psychologique, trop lisses, ils n’éveillent aucune émotion chez le spectateur. A ce titre, la perte de licence du chauffeur Paul laisse bien indifférent malgré ses conséquences dramatiques.

Du coup, cet abécédaire sans profondeur des maux de Marseille est d’autant moins exaltant qu’il laisse en friche les aspects les plus intéressants de son scénario. Nous songeons tout particulièrement à cette attirance - pour le moins insolite, et pourtant carrément survolée - entre Abderamane, un jeune des banlieue changé par la prison, et Viviane, triste bourgeoise altruiste. Dresser la typologie de ce qui ne va pas c’est bien, mais tenter d’en mesurer les répercutions psychologiques sur l’individu afin de mieux décrypter ses comportements c’est mieux (par exemple, on ne comprend absolument pas ce qui motive Michèle pour ainsi se prostituer et payer des doses à sa fille droguée alors que le bon sens voudrait qu’elle soit médicalisée !). Robert Guédiguian ne semble pas s’en préoccuper et déroule consciencieusement son constat, sans pathos certes (c’est appréciable), mais sans passion non plus, et nous livre finalement quelque chose d’assez convenu.

Un verre de pastis peut-être, pour faire passer le tout ?


De Robert Guédiguian, découvrez la critique de Marie-Jo et ses deux amours.

par Alaric P.
Article mis en ligne le 18 avril 2004 (réédition)
Publication originale 17 janvier 2001

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