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Rouge Brésil, de Jean-Christophe Rufin

La Renaissance. L’expédition qui, en cette deuxième moitié du 16ème siècle, quitte le port du Havre, s’en va établir la France Antarctique dans la baie de Rio. Sur un malentendu, presque contre leur gré, deux enfants rejoignent l’équipage. Ils se prénomment Just et Colombe.


C’est à travers leurs yeux que le lecteur voit les événements : les yeux de Just, l’idéaliste, qui, jour après jour, regardent fièrement s’élever les remparts d’un fort dans la baie de Rio ; les yeux de Colombe, aussi troublants qu’ils sont lucides, et qui perçoivent très tôt le malaise qui ronge le nouvel établissement. Si leurs regards divergent, les deux enfants ont ceci de commun que l’aventure les forcera à entrer dans l’âge adulte. Rouge Brésil est un roman d’initiation.

Jean-Christophe Ruffin - 3.6 ko
Jean-Christophe Ruffin

Jean-Christophe Rufin y met en scène le choc de deux civilisations, en soulignant l’arrogance du projet français. Car en fait de France Antarctique, l’expédition ne dépasse pas les limites d’une minuscule île, univers clos et vite corrompu. Une île écrasée de soleil, où l’homme, en abattant les arbres, s’est privé de leur ombre protectrice, une île au climat étouffant. Une île que le vice, la maladie, les guerres intestines, d’autorité ou de religion, auront minée avant même l’offensive portugaise.

Tout proche de l’île, le Continent lui oppose un violent contraste. La nature n’y est plus hostile mais luxuriante et prodigue, les tribus indigènes humbles et pures. Le mythe du Bon Sauvage a la vie dure ! C’est d’ailleurs sur le Continent, auprès de ces tribus indiennes, que choisiront de vivre les derniers survivants de la France Antarctique. Ce sera, moins qu’un échec, une renaissance.

Récompensé par le prix Goncourt 2001, Rouge Brésil est un récit bien écrit, qui se lit avec plaisir, mais un récit avant tout. Il n’offre guère plus. La réflexion amorcée sur le choc des civilisations, des coutumes et des croyances, si elle reste d’actualité, n’est pas neuve. Et elle n’est qu’amorcée. On peut regretter qu’elle soit posée au moyen de personnages presque caricaturaux, dont le caractère très tranché manque de la profondeur et des incohérences qui les auraient rendus attachants. Un bon récit, une lecture comme une autre. Sans plus.

par Emma D. Mauly
Article mis en ligne le 27 juin 2004 (réédition)
Publication originale 13 mars 2002

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