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Happy Victims

Exposition au Centre National de la Photographie à Paris du 12 mars au 1er juin 2003

Jusqu’au 1er juin au CNP, les "happy victims" de Kyoichi Tsuzuki vous laissent entrer dans leurs musées de la mode, ces gouffres financiers où s’enfouit leur obsession. Leur folie heureuse étonne et attire le spectateur...


Kyoichi Tsuzuki est journaliste, photographe et éditeur. Il ne se considère pas comme un artiste : "Mon travail consiste à montrer "ce qu’il y a dans le tableau", et non "comment on fait un tableau"". Son projet est d’abord documentaire. Il s’est en effet passionné pour la vie urbaine et la culture populaire des années 1980 et 90. Il veut montrer ce qu’il y a de bizarre, compulsif, obsessionnel et finalement très créatif dans certaines pratiques populaires en marge de l’art exposé dans les galeries et les musées. Il a ainsi réalisé plusieurs projets documentaires tels que Tokyo Style, en 1993, sur les modes de vie des japonais vivant dans la capitale ; Roadside Japan, en 1996, qui fait état d’attractions touristiques insolites au Japon, et Street Design File, qui porte sur le design populaire dans le monde. Son dernier projet, Universe for Rent (2001), représente un état des lieux sur l’habitat nippon, mettant en valeur des aspects méconnus de la société japonaise. C’est au sein de ce récent projet qu’ont été intégrées les Happy Victims.

Happy Victims est un projet documentaire photographique. Des photos grand format témoignent de l’obsession de certains habitants de Tokyo pour une marque de vêtements ou accessoires de mode. Une folie douce qui représente un tel investissement financier que ces fashion victims doivent y sacrifier une partie de leur confort, et en particulier leur espace d’habitation. Les photos nous font entrer dans leur univers bigarré, un texte nous raconte brièvement qui ils sont et nous expliquent leur étrange collection. Qu’ils soient présents ou absents de la photo peu importe puisque finalement ils sont ce qu’ils achètent, leur personnalité fusionnant avec leur marque fétiche. Ces habitats transformés en musées de la mode apparaissent au premier regard extrêmement vivants et originaux. Pourtant, petit à petit, la prise de conscience du caractère obsessionnel de ces "happy victims" interroge : quelle signification doit-on donner à ces phénomènes de consommation compulsive ?

Kyoichi Tsuzuki prend cependant un immense plaisir à découvrir et à nous faire découvrir ces phénomènes marginaux, ces gens étranges mais dont la bizarrerie semble tellement passionnante pour un journaliste curieux et fasciné par les modes de vies urbains contemporains. On n’a pas le sentiment désagréable de s’immiscer dans la vie privée des gens. Au contraire, ces photos donnent le sentiment qu’il y a là une richesse et une créativité immenses pour qui sait regarder, Kyoichi Tsuzuki parle d’ailleurs du "pouvoir créateur" de ces gens dont il fige l’image.

Notez que Kyoichi Tsuzuki a créé un musée sur Internet afin de montrer les travaux d’artistes qui se voient refuser l’entrée dans les musées. Il est en outre possible de découvrir le reportage vidéo de l’exposition du CNP ici

par Vanessa Desclaux
Article mis en ligne le 26 avril 2003

Légende des images, de haut en bas, logo exclus :
- première image : Kyoichi Tsuzuki, Dries Van Not, 2001
- seconde image : Kyoichi Tsuzuki, Vivienne Tam, 2001

Informations pratiques :
- artiste : Kyoichi Tsuzuki
- dates : du 12 mars 2003 au 1er juin 2003
- lieu : Centre National de la photographie, Hôtel de Rothschild, rue Berryer M° Charles de Gaulle-Etoile

actualités de l’exposition : L’exposition est visible du mercredi 21 avril au mardi 29 juin 2004 à la Banque de Luxembourg (Kirchberg. 41 avenue J.-F. Kennedy L-1855 Luxembourg) du lundi au vendredi de 9h à 18h, le samedi de 10h à 16h (entrée libre)

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