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Comme le rêve le dessin

Exposition au Musée Louvre et au Centre Pompidou à Paris du 17 février au 16 mai 2005

Comme le Rêve le Dessin est présenté conjointement par le Musée du Louvre et le Centre Pompidou du 17 février au 16 mai. L’originalité de l’exposition réside dans le fait qu’une première partie est présentée dans la salle de la Chapelle du Louvre, et une seconde dans la galerie d’art graphique du Centre Pompidou. Y sont réuni une importante collection de dessins des XVIème, XVIIème, XXème siècles et des vidéos contemporaines.


Brice Marden, Cold Mountain 3, 1988 - 122.8 ko
Brice Marden, Cold Mountain 3, 1988

Le choix des lieux est emblématique ; Beaubourg est le plus grand centre d’art moderne de France, le Louvre lui abrite traditionnellement l’art « ancien » et présente régulièrement d’importantes collections de dessins : Ludovico Carraci en 2004-2005, et prochainement les dessins florentins des derniers Médicis. Mais ici la présentation des œuvres ne respecte pas cette « tradition » et les dessins d’artistes italiens tels que Parmesan, Federico Barocci, Fra Bartolommeo sont accrochés aux côtés de ceux de Joseph Beuys, Giacometti et Matisse. Cet étonnant rapprochement est mis en rapport avec la notion de rêve. L’exposition tente de mettre en évidence les parallèles à la fois dans le processus de la fabrication du dessin et de celle du rêve. Cette exposition permet en outre au Louvre de poursuivre sa politique d’ouverture à l’art contemporain. Après l’exposition Contrepoint qui s’est terminée au mois de février dernier Comme le Rêve le Dessin permet de faire entrer dans l’enceinte du musée du Louvre les œuvres d’artistes contemporains.

Odilon Redon, L’araignée souriante - 22.2 ko
Odilon Redon, L’araignée souriante

Le dessin aux XVIème et XVIIème, est constamment utilisé dans la préparation d’œuvres peintes et sculptées. Croquis et esquisses font partie du travail préparatoire de l’artiste. Il peut ainsi jeter sur la feuille de papier quelques figures qui détermineront une composition, travailler un détail particulier, ou encore établir une composition entière qu’il présente au commanditaire de l’oeuvre. L’apprentissage du dessin est long et rigoureux, il est la base de la formation de l’artiste peintre. Il est cosa mentale ; issue d’abord de l’esprit, le geste suit, la ligne est mouvement à la fois mental et physique. La ligne dessinée poursuit les méandres de la pensée. Le dessin est donc l’étape impérative entre la pensée de l’artiste et l’œuvre définitive. Il sert de terrain de recherche et est l’inscription graphique de sa pensée. Le cas des dessins du XXème est différent : ils sont parfois conçus pour être exposés. Ils ne sont pas des recherches à de grandes compositions mais des recherches en soi de principes esthétiques. Le thème du rêve quand à lui connaît un grand succès dès le XIXème siècle, grâce à l’intérêt croissant des artistes pour ce qui touche à l’ésotérisme. Les symbolistes en particulier ont largement illustré ce thème. Les Noirs d’Odilon Redon, sont une série de dessins fantastiques et oniriques. Le rêve et le dessin sont donc déjà réunis. Le XXème siècle découvre la psychanalyse avec Freud. Le rêve est un des terrains de prédilection de psychanalyse. Le 4 novembre 1899 Sigmund Freud, âgé de 43 ans, fait paraître L’Interprétation des rêves, qui est publiée pour la première fois en français en 1926. Mais l’exposition ne met pas en rapport ici le dessin et la psychanalyse, son propos est de montrer les liens et relations du dessin avec le rêve à la fois dans sa forme, son contenu et sa démarche.

Fra Bartolommeo - 17.4 ko
Fra Bartolommeo

Pour ce qui est du contenu, l’exposition fait par exemple des parallèles entre le thème de la mort en dessin, dont la représentation est proche de celle du sommeil et donc du rêve. Mais elle traite surtout des similitudes entre dessin et rêve dans leur processus de fabrication : l’artiste compose son travail et en même temps le décompose puisqu’il ne s’attarde parfois que sur certaines parties en en laissant d’autres dans le vague. Le dessin sélectionne certains détails, tout comme le rêve peut le faire. Il s’agit d’un espace lacunaire : c’est un des points de comparaison parmi d’autres, que l’exposition met en relief. L’organisation et la présentation des œuvres diffèrent d’un lieu à l’autre. La salle de la Chapelle du Louvre est un espace clair, lumineux, aéré où le blanc et la lumière dominent. À Beaubourg, et peut-être en raison de la projection de films, l’espace est beaucoup plus sombre : il est divisé en plusieurs salles, le visiteur déambule dans des espaces plus étroits. Beaubourg a misé sur plus d’œuvres contemporaines, la projection de films agrémente le parcours car ces films donnent une vision contemporaine sur le rêve ou le dessin supplémentaire. Ainsi les deux lieux d’exposition gardent une grande unité autour du sujet sans se répéter. Cependant, du fait du décalage chronologique entre les citations de Freud accrochées sous les œuvres anciennes, les liens tissés entre ces dernières et la notion de rêve peuvent parfois paraître artificiels. Il faut rester vigilant, car les textes sous les dessins peuvent prêter à confusion. Il ne faut pas croire que les artistes des XVIème et XVIIème ont créé leurs dessins dans l’optique de tisser des liens avec le rêve ou la psychanalyse. Même si aujourd’hui ces œuvres peuvent être relues à la lumière de nouveaux domaines scientifiques, ces notions sont étrangères aux artistes de l’époque. Il est cependant remarquablement intéressant et ambitieux (car le propos de l’exposition reste complexe), de superposer les deux notions de rêve et dessin.

par Tiphaine
Article mis en ligne le 7 mars 2005 (réédition)
Publication originale 7 mars 2005

Informations pratiques :
 artistes : divers
 dates : du 17 février au 16 mai 2005
 lieu : Musée du Louvre, Aile Sully, Salle de la Chapelle et Centre Pompidou, Musée National d’art moderne, Galerie d’art graphique, niveau 4
 horaires : tous les jours, sauf le mardi/ à Beaubourg : de 11h à 21h ; au Louvre : de 9h à 17h30 et jusqu’à 21h30 le mercredi et le vendredi.
 tarifs : à Beaubourg : 7euros / 5euros (donne accès aux collections permanentes) ; au Louvre : 8,5euros / 6 euros (donne accès aux collections permanentes).
 renseignements : http://www.louvre.fr et http://www.centrepompidou.fr

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