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Victor Spahn, mouvement et vitesse

Exposition à la galerie Elysees à Paris du 25 mars au 18 juin 2004

Allez, réfléchissez bien. A priori, Victor Spahn est un inconnu. Pourtant, il est exposé à la Galerie d’Art Elysées jusqu’au 18 avril 2004. Qui est-il ? Un indice : il place son œuvre sous le sceau du mouvement. Qui dit mouvement, dit sport. Qui dit sport, dit affiche de sport. Qui dit affiche de sport, dit Victor Spahn. Nous y sommes. Il est par exemple, le créateur de l’affiche du 1er open de tennis Paris-Bercy en 1986, et de l’affiche pour le trophée Lalique de patinage artistique (Paris, 1994 et 1996), que vous avez sûrement balayées d’un rapide coup d’oeil en leur temps.


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sport en forêt

L’exposition organisée par la Galerie d’Art Elysées est elle aussi placée sous le sceau du sport. L’artiste, initialement formé à la technique de la céramique et de la mosaïque, s’est recentré sur quelques thèmes : les courses de chevaux et le polo, les courses de voiliers, la Formule 1 et le golf. Quelques toiles figurent hors de ces thématiques, comme cette ballerine intitulée « le lac des cygnes », mais la majorité des oeuvres ne sont que les reflets des sports pratiqués par « un certain milieu ». Le choix des sujets traités plait ou déplaît, indépendamment du traitement qui en est fait.

La technique utilisée par Victor Spahn est quelque peu répétitive. Après avoir choisi une tonalité générale pour sa toile, il pose son sujet, généralement au centre de son espace fermé, sujet qu’il fait ressortir grâce à l’utilisation de couleurs qui tranchent avec le fond de toile. Ensuite, il met son sujet en mouvement, plus qu’il ne fige ce mouvement. Cette mise en mouvement se réalise grâce au flou des contours de son sujet et grâce à l’apposition de traînées blanches sur ces contours, marques de la vitesse, qui instaurent une dynamique horizontale dans la lecture de la toile. Et il décline l’ensemble de ses œuvres selon cette méthode plébiscitée par un certain nombre d’amateurs, à en croire le curriculum vitae impressionant de l’artiste.

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T. Wood

D’aucuns reprocheront à Victor Spahn cette unité, cette absence de renouvellement, comme on a reproché à Fernando Botero d’avoir trouvé dans le gonflement de ses personnages un argument de vente. Si l’argument est indigent, il n’est pas exclu d’éprouver une certaine lassitude en observant ces toiles qui reflètent les mêmes sujets peints selon les mêmes techniques. Finalement, l’oeil du visiteur ne peut pas réellement errer, fouiller ces toiles. Celles-ci sont peu profondes : réalisées pour attirer l’oeil du visiteur uniquement sur le premier plan, puisque le second plan est bien souvent uni, elles sont des systèmes harmonieux de par leurs couleurs mais finalement, un peu trop facilement observables. Pour l’amateur de sport et de mouvement, ces toiles sont certainement attrayantes. Pour les autres visiteurs, les oeuvres paraissent superficielles. L’artiste ne semble pas vouloir transmettre un message particulier, il semble essentiellement vouloir retranscrire sa vision du mouvement. Difficile de s’accorder sur ce que devrait retranscrire l’artiste. L’artiste peut-il se contenter de nous montrer sa vision d’un objet sans la mettre en liaison avec sa conceptualisation de l’objet ? Aucune réponse figée n’existe, les débats sont nombreux et l’intérêt porté à Victor Spahn dépend de goûts esthétiques propres au visiteur.

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8ème trophée lalique

Pourtant le choix des sujets peut apparaître déplaisant : le visiteur a l’impression de se sentir exclu de la cible marketing de l’artiste. On croise dans les toiles essentiellement des hommes jouant au polo ou taquinant une balle de golf. Ces sports ne sont pratiqués que par une certaine catégorie de la population et il faut bien convenir que rares sont ceux qui pratiquent l’ensemble de ces sports par passion. Les sports choisis ont par rapport au public un caractère discriminant, contraire à une certaine vision universaliste de l’artiste. Sans doute, cette impression sur les sujets traités par Victor Spahn est-elle partiellement due aux choix des toiles pour l’exposition. De plus, autre point discriminant : les toiles s’attardent essentiellement sur des sujets à connotation masculine. Ses sujets sont essentiellement des hommes, malgré la présence d’une ballerine. Au delà de ces considérations relatives à l’oeuvre sur toile de Victor Spahn, il faut mentionner les affiches d’événements sportifs réalisées par l’artiste, qui contrastent avec les habituelles affiches stéréotypées que l’on rencontre un peu partout. L’art de l’affiche est un art spécifique et Victor Spahn fait parti de ces personnes qui renouvellent cet art. Il œuvre sur un terrain spécifique : les affiches d’évènements sportifs. Le traitement du mouvement prend ici toute son importance. Maillon indispensable dans la communication sur les évènements sportifs, l’afficheur est ici artiste pour le plus grand plaisir du chaland.

par Aurore Rubio
Article mis en ligne le 30 mars 2004

informations pratiques
 artiste : Victor Spahn
 dates : du 25 mars 2004 au 18 avril 2004
 lieu :Galerie d’Art Elysées, 26 avenue des Champs Elysées, 75008 PARIS
 horaires : de 10h30 à 20h tous les jours, entrée libre
 renseignements : 01 42 89 41 21

Les photos sont tirées du site officiel de Victor Spahn

A noter : dans cette galerie, quelques oeuvres du sculpteur Etienne sont exposées. Je vous laisse aller jeter un coup d’oeil au site officiel de l’artiste

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