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Saint Seiya, aux sources d’Asgard

L’histoire de Nastassia et la grande guerre des dieux.

Loin des ciels azurés de Grèce, les dieux s’agitent. Ce sont les seigneurs du grand nord, et en particulier Odin, qui aurait ordonné à sa grande prêtresse Hilda, de conquérir le monde pour faire échapper son peuple aux déserts gelés du royaume d’Asgard. Cette partie de Saint Seiya présente la particularité de ne pas exister dans le manga, et d’avoir été insérée entre le Sanctuaire et le combat contre Poséidon. Ici, on s’intéressera aux oeuvres qui ont précédé Asgard, et qui ont nourri l’univers de Saint Seiya, au point de donner naissance à la seconde série TV sous les traits d’une bataille entre mythologies.


Une histoire courte en fin de volume

La diffusion de Saint Seiya est à son maximum de popularité avec le déroulement de l’épique grande bataille du Sanctuaire contre les saints d’or. C’est alors que nait le projet d’Asgard, une série créée ex nililo ou presque, présentée sous la forme d’un cross-over entre la mythologie grecque et la mythologie scandinave. La source de ce projet se trouve en fait à la fin du 13e volume du manga, celui qui referme la grande bataille du sanctuaire. Une histoire de Hyôga, saint de bronze du cygne, y est présentée. Intitulée Natassia du pays des glaces, c’est un one-shot d’une trentaine de pages.

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Il débute par la rencontre entre Hyôga et de mystérieux guerriers qui l’ont invité à la limite septentrionale de toute vie, dans l’est de la Sibérie. Les individus se révêlent être les Blue warriors, du peuple de Blue Graad que l’on pensait éteint, mais qui a survécu, ingoré de tous, loin dans le nord. Sous la conduite d’Alexer, leur chef, ces guerriers "les plus terribles de la mythologie nordique" ont l’intention de conquérir le reste du monde, plus clément. Le saint du cygne est vaincu par Alexer, qui l’enferme dans les geoles de son palais, avec l’intention de le convaincre de se rallier à leur cause.

La princesse Natassia fait alors son apparition auprès de Hyôga qu’elle soigne. Elle est désemparée, car Alexer qui est son frère, à renversé leur père Piotr pour s’emparer du pouvoir sur Blue Graad. Le vieux souverain comptait éviter tout conflit entre ses guerriers des glaces et les saints d’Athéna en demeurant dans les terres ingrates du grand nord. Natassia implore Hyoga de l’aider à sauver son père, mais hélas, au même moment, Alexer achève le vieil homme.

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Quand Natassia l’apprend, elle s’enfuit dans le blizzard sibérien. Pendant ce temps, Hyôga a récupéré son armure grâce au jeune Yakoff. Ce dernier, alarmé par l’attaque des guerriers des glaces, était parti à la recherche de Hyoga. Grâce à ce providentiel renfort, le saint du cygne se libère, et terrasse les sous-fifres d’Alexer, avant de prendre sa revanche sur ce dernier. Mais avant qu’il n’achève son adversaire, la nouvelle de la fuite de Natassia se répand ! Or nul être ne peut survivre plus de trois minutes au blizzard sibérien. Alexer et Hyôga courent derrière elle, et la retrouvent prisonière d’un bloc de glace. Hyôga la libère, et la rend à son frère. Il confie alors n’avoir pas achevé ce dernier, bien qu’il soit parricide, car il voulait laisser à Natassia une raison de vivre à présent qu’elle était orpheline. Il confie également que sa mère portait le même nom, avant de s’en retourner vers sa maison.

Ce one-shot aurait pur demeurer ce qu’il était à l’origine : un agréable bonus de fin de volume, destiné aussi à gonfler un tome 13 quelque peu maigrichon, auquel il fallut également adjoindre une encyclopédie des saints déjà apparus à ce stade de la saga.

Du One-shot au film...

Mais la thématique des guerriers d’une autre mythologie a marqué, et les studio Toei s’en inspirent pour réaliser l’un des films parallèles aux animés. Sorti en mars 1988, Kamigami no atsuki tatakai, ou l’ardente guerre des dieux, rencontre un vif succès. Le principe d’une opposition entre les saints d’Athéna et les guerriers des dieux scandinaves est repris. Toutefois, le scénariste Koyama Takao s’est donné la peine d’aller puiser dans la culture nordique une matière plus savoureuse que les Blue Warriors de Blue Graad...

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Tout commence par une enquête que Hyôga part mener dans le grand nord. Il disparaît mystérieusement, et Saori suivie de ses trois autres saints décide de partir à sa recherche. Le grand Pope local, Dorbal serviteur d’Odin, accueil Athéna, mais se montre désolé de n’avoir aucune nouvelle, ni aucun indice sur le sort de Hyôga. Saori décide de demeurer à Asgard le temps qui sera nécessaire pour retrouver son chevalier, et elle accepte l’hostpitalié du guerrier divin Freyr et de sa soeur Freyja, qui sont les seuls individus sympathiques du lugubre palais de Dorbal. Les évènements se précipitent avec la découverte du casque brisé de Hyôga. Freyr se rend chez Dorbal, car il veut avoir le coeur net sur la volonté de celui-ci d’envahir les terres protégées par le Sanctuaire. Dorbal le neutralise, avant d’enfermer Athéna dans la proue du navire d’Odin. Les saints de bronze sentent la disparition de la cosmoénergie d’Athéna, et selon le schéma très classique des divers films, partent à son secours.

Ils évoluent alors au sein des magnifiques décors du grand nord : forêts de sapins, montagnes eneigées, le tout surplombé par l’inquiétant palais d’Odin. Ces décors sont l’oeuvre de Kubota Tadao. On garde en mémoire l’affrontement spectaculaire entre Shiryu du dragon, et le mystérieux guerrier Midgard à l’armure orangée, ou encore le palais en briques rouges, très denses, qui ressemble aux lumières d’un orage dans le couchant. Le Character Design est l’oeuvre d’Araki Shingo et de Himeno Michi. Les personnages ont comme à l’habitude leur style très androgyne. L’intérêt est naturellement dans l’analyse des nouveaux protagonistes, à savoir les guerriers divins. Leurs armures ne sont pas d’une grande originalité, en dehors de quelques armes bien employées. On retient plus facilement les visages et les expressions que les personnalités graphiques des adversaires, exception faite du gigantesque guerrier opposé à Ikki et Shûn sur l’étroite corniche qui conduit au palais. Conformément à un scénario bien établi, au terme de violents combats, Seiya revêt l’armure du Sagittaire, et avec le soutien des cosmoénergies de ses amis, terrassés, il parvient à vaincre l’ennemi et à sauver Athéna. Cependant, on peut saluer dans ce film l’originalité du rôle tenu par Hyoga, qui se révêlera avoir été manipulé et mis au service des guerriers divins. Ceux-ci ne sont d’ailleurs pas totalement mauvais. En effet, Dorbal les utilise aux fins de sa soif de pouvoir personnelle. Freyr, véritablement fidèle à Odin, joue un rôle déterminant, et sauve la partie par un héroïque sacrifice dans la bataille.

La matière nordique a largement servie pour inspirer ce film. D’une part dans les noms, comme Midgard, Freyr, Freyja, Mjöllnir qui sont empruntés directement aux légendes avec plus ou moins de bonheur. Cela sent souvent l’emprunt facile. Cependant, le fait que les boomrang du guerrier divin géant portent le nom du marteau de Thor, ou que Freyr et Freyja soient frère et soeur, et investits d’un rôle positif, montre qu’une certaine fidélité est de mise. Le design de cette dernière est d’ailleurs l’exacte réplique de celui de Natassia du one-shot. On peut aussi évoquer la scène finale du film, éclosion d’un immense arbre verdoyant qui domine le royaume d’Asgard en ruine, manifestation du légendaire Yggdrasil, arbre au pied duquel se trouve la fontaine de double vue, et le long duquel se trouvent les divers mondes dans la mythologie scandinave.

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La grande force du film vient de ses musiques, qui servent à la perfection les décors sombres et tristes de forêts glacées. Oeuvre de Yokoyama Seiji, qui dirige l’Andromeda Harmonic Orchestra, elles introduisent dans les thèmes musicaux de la saga un nouveau registre. Plus lentes, elles incitent à la contemplation. L’appel aux choeurs pour densifier les arangements décuple l’effet recherché. La voix de Kawahima Kazuko, mélangée avec des choeurs slaves est du plus bel effet. On entend également du violoncelle, qui permet d’accentuer l’effet de tristesse qui accompagne les plans larges sur les paysages du royaume d’Asgard.

A l’aube d’Asgard...

Entre le one-shot et le film, on retrouve certaines grandes thématiques qui seront reprises dans l’architecture de la série TV Asgard. Le point de départ est à chaque fois une volonté d’invasion des terres du sud, placées sour la protection du Sanctuaire, par les guerriers du grand nord. Ceux-ci ne sont pas directement responsables de cette volonté de puissance, car c’est un intermédiaire qui détourne l’autorité légitime de leur pays pour servir sa volonté de puissance.

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Dans le one-shot, Alexer tue son père, Piotr. Dans le film, Dorbal transgresse la volonté d’Odin. A chaque fois, c’est le renversement de l’ordre et de l’équilibre naturel, donc voulus par le cosmos, qui conduit à la guerre. On constate que la pensée grecque imprègne toujours la trame des Saint Seiya, quelque soit le paysage où ils évoluent. Le personnage de Nastassia/Freyja est également récurrent, même si dans le film, la jeune fille est éclipsée par son frère, qui endosse la posture héroïque de celui qui se sacrifie pour ramener son peuple dans le droit chemin. On retrouve aussi la justification du combat par la volonté de trouver des terres meilleures pour un peuple condamné à vivre dans le grand nord ingrat, thème qui sera habilement repris, mais également détourné dans la série qui suivra.

Ces éléments dispersés sont cependant insuffisants pour que l’on puisse dire qu’Asgard est une simple reprise du film, sur un format allongé. Les deux oeuvres ont leur spécificité, et le film, pris dans le carcan d’un format de 45 minutes, est très loin d’avoir toute l’ampleur de la série elle-même. Quant au one-shot, le fait qu’il ne développe que très superficiellement la psychologie et le caractère des Blue Warriors le déprécie très largement. Il faut cependant le prendre pour ce qu’il est : un simple petit divertissement de Kurumada, qui souhaitait mettre Hyoga en scène dans une histoire particulière. Il n’a en rien la même ambition que ses successeurs animés. Il comporte aussi une originalité, car il est le seul à établir un lien entre la jeune fille blonde et la mère de Hyoga.

Le succès du film fut sans doute ce qui décida la Toei à lancer l’aventure Asgard, tout comme le succès mitigé de Lucifer en son temps fut sans doute ce qui retarda l’adaptation en animé du chapitre Hadès. On peut donc espérer que le récent film Tenkai, sorti en févrirer dernier au Japon, soit effectivement le prélude d’un rebondissement de la saga vers un chapitre dédié à Zeus, tel que l’avait imaginé Kurumada à l’origine.


Site à voir

Cyna, une mine d’informations sur l’univers de Saint Seiya.

Via Norvège, qui propose d’intéressantes ressources sur la mythologie scandinave.

Partie dédiée à la mythologie norroise, d’un intéressant site perso dédié à la Normandie et son histoire.

Mythologie générale Larousse, chapitre consacré à la mythologie germanique.


par Pierre Raphaël
Article mis en ligne le 28 mai 2004 (réédition)
Publication originale 8 avril 2004

Natassia

Mangaka : Kurumada Masami

Manga en Noir et Blanc, sous forme de One-Shot.

Genre : Shônen

Volume d’apparition de Natassia : Tome 13 de Saint Seiya

La Guerre des Dieux

Producteur : Toei Animation

Année de sortie : 1988

Réalisation : Yamauchi Shigeyasu

Scénario : Koyama Takao

Character design : Araki Shingo et Himeno Michi

Décors : Kubota Tadao

Musiques : Yokohama Seiji

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