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Manga et Japanimation, phénomène de société ?

Le voyage en Occident du manga et de la japanime

Dans la bonne santé de la bande dessinée en France, les mangas jouent un rôle déterminant. Ils constituent la progression la plus nette de tous les genres, ce qui ne manque pas d’attirer vers ce marché de plus en plus d’éditeurs aux côté de ceux qui sont déjà bien installés. C’est donc l’occasion, alors qu’approche la grand-messe annuelle de la Japan Expo de lancer un dossier sur l’état du manga et de la japanime en France.


Cet article s’intitule le voyage du manga en Occident, et ce n’est pas un simple effet oratoire. Dans les oeuvres qui ont durablement marqué l’entrée des mangas en France, Dragon Ball [1] s’avère incontournable.

(JPEG)Loin d’avoir été le pionnier de l’animation, puisque précédé par les animés des années 80, il fut l’un des premiers mangas traduits en français. Son succès est si grand que Glénat poursuit sa réédition dans de nouvelles présentations encore aujourd’hui, alors que la première traduction proposée a été entièrement publiée depuis bien longtemps. Dragon Ball Z, c’est également le dessin animé emblématique du Club Dorothée dans la première décénie des années 90, celui qui rencontre un succès immense, au point que plusieurs films DBZ sortent dans les salles de cinéma. Mais il est aussi celui par qui le scandale arrive : sa violence (malgré de nombreuses coupes et censures dans plusieurs épisodes) est stigmatisée par des groupements de parents qui comprennent mal la fascination que leurs enfants ressentent pour ce dessin animé. Il disparaît finalement des écrans, et sa fin sera diffusée sous forme de cassettes vidéos.

Dragon Ball n’est ni le pionnier des mangas et des animés, ni la série la plus représentative des séries qui marchent fort aujourd’hui. Mais c’est sans doute le manga qui a le plus cristallisé l’attention en France, au point qu’il est devenu le symbole - fort imparfait - du manga pour une grande partie de l’opinion, tentée de réduire le genre à ce shônen, à la fois puissant et limité.

Réduire aux dessins animés des années 80, puis à leur héritier splendide, Dragon Ball, les raisons de l’actuelle mode pour les mangas et la japanime serait une grosse erreur. Les médias grand public ont souvent cantonné leur analyse à cet aspect "revival 80". C’est oublier qu’une grande partie des lecteurs de shônen aujourd’hui sont des adolescents qui étaient à peine, ou pas, nés dans les années 80, et qui ont a peine eu le temps de découvrir le Club Dorothée ! Leur parler de l’âge d’or de la cinquième ou de RécréA2 n’éveille aucun écho chez eux. En revanche, les lecteurs de mangas de cette génération des années 80 ont souvent tourné la page du shônen bon enfant. Ils aspirent à lire des mangas de qualité, ou des animés à la hauteur des meilleures productions actuelles du Japon.

Sur les raisons de ce phénomène, on ne finirait pas de gloser. On peut bien sûr évoquer Miyazaki, mais si le public des mangas et de la japanime suit les productions du studio Ghibli avec passion, le public de Miyazaki, lui, ne va pas nécessairement au manga. On peut aussi évoquer la fascination qu’exerce le Japon sur les Français, mais ce dossier la laissera volontairement de côté. Celle-ci dépasse largement le cadre des mangas, qui s’avèrent compter parmis les avatars les moins exotiques que le Japon nous ait légué. Un film tel que Dolls, de Kitano, semble par exemple bien plus abscon et loin de nos sensibilités que nombre de mangas ou d’animés.

(JPEG)Mais le fait est que le marché du manga et de l’animation se développe de plus en plus. Il y a quelques années encore, il était possible, en peu de temps, de faire le tour des mangas traduits en français. A présent, il est impossible de suivre ne serait-ce que la moitié de tout ce qui est proposé. Certains craignent même une saturation du marché, après une année 2004 qui s’est montrée jusqu’ici particulièrement faste.

Dans la bonne santé de la Bande-Dessinée en France, les mangas jouent un rôle déterminant. Ils constituent la progression la plus nette de tous les genres, ce qui ne manque pas d’attirer vers ce marché de plus en plus d’éditeurs aux côté de ceux qui sont déjà bien installés. C’est donc l’occasion, alors qu’approche la grand-messe annuelle de la Japan Expo de lancer un dossier sur l’état du manga et de la japanime en France.

(JPEG)L’ambition de ce dossier n’est pas de faire le tour de la question, ni d’épuiser un sujet aussi vaste que l’impact des mangas et de la japanime sur la culture française. Il s’agit plutôt d’esquisser un tour d’horizon, que j’espère sans cesse renouvelé par de nouvelles contributions à ce dossier [2], de ce que sont aujourd’hui les mangas et les animés en France.


Pour ce faire, on tentera de suivre trois axes principaux, qui structureront ce dossier :

Tout d’abord en examinant les questions de définition du manga, de ses genres, et ses perceptions en tant qu’objet culturel en France, autour donc d’articles théoriques, et de rencontres avec les grands médias institutionnels du manga.

Puis on s’intéressera à la question de la diffusion des mangas, par les maisons d’édition bien sûr, mais également par le biais du très important mouvement que représente le fansub ou la scanlation.

Enfin, on développera la question de la sociabilité qui s’achoppe aux mangas et à la japanime, en s’intéressant aux lieux où se rencontrent les passionnés, qu’ils soient virtuels, ou festivals et conventions.

Venez réagir, argumenter, commenter, ou influencer la construction à venir de cet édifice sur le forum qui lui est consacré

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par Pierre Raphaël
Article mis en ligne le 24 juin 2006

[1] Dragon Ball est vaguement inspiré d’un célèbre conte chinois, traduit sous le nom du Voyage en Occident

[2] A toutes fins utiles, je rappelle que la vocation des dossiers d’Artelio est de proposer une ouverture et d’amorcer une réflexion. Il s’agit de supports ouverts à toute contribution enrichissante sur leur sujet. Leur principe est qu’ils se referment d’eux-même lorsque plus personne ne vient les faire rebondir. Ils peuvent également reprendre vie après un long sommeil.

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